CDR Tours mai 2015
Und de Howard Barker texte français de Vanasay Khamphommala
mise en scène Jacques Vincey
avec
Natalie Dessay
Alexandre Meyer
dramaturgie Vanasay Khamphommala
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy
lumières Marie-Christine Soma assistante lumières Pauline Guyonnet
musique et sons Alexandre Meyer
costumes Virginie Gervaise maquillage et perruquesCécile Kretschmar
Présentation du site du théâtre :
Une femme attend un homme. L’homme est en retard.
Alors elle parle, tandis que l’homme (si c’est bien lui) s’approche.
Entre duo d’amour et duel à mort, une étrange partie s’engage : pour
l’un d’eux, cette rencontre sera fatale.
Voix majeure du théâtre anglais contemporain, Howard Barker revient
dans ce monologue sur son territoire de prédilection : le rapport entre
le désir et la mort, tel que seul le théâtre peut en donner l’expérience
au spectateur. Son imagination puissante, nourrie de peinture
classique, transforme la scène en un espace dévasté où le spectaculaire
le dispute à l’intime, où la menace de l’anéantissement rôde jusque dans
les détails les plus anodins – où les paysages riants de la peinture
flamande deviennent autant de memento mori.
Avec une écriture sur le fil, qui mêle poésie, lyrisme et humour
noir, Barker tisse ici le portrait exceptionnel d’une femme dont la
parole devient une arme de survie.
Pour incarner cette femme en lutte contre le silence, Jacques Vincey
fait appel à Natalie Dessay, qui prête au personnage de Und sa présence
brute, sa musicalité unique, son intense vitalité. Face à Alexandre
Meyer, musicien complice et insaisissable, elle explore toutes les
strates d’une héroïne sans âge, en qui toutes les figures tragiques se
rejoignent. Derrière l’histoire de Und, c’est une histoire de l’humanité
qui se dessine : sa lutte désespérée contre l’anéantissement, traversée
de grandeur, de traumatismes et de barbarie.
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Und Natalie Dessay |
Mon petit mot
Quelle belle fin de saison ! (et quelle scène finale d'ailleurs, les dernières minutes- secondes valent à elles seules le déplacement!).
On connaissait la chanteuse, on découvre ici pleinement la comédienne que ses rôles à l'opéra avaient déjà permis d'entrevoir.
Elle est déjà là quand le public entre dans la salle, au centre du plateau, sous une multitude de "couteaux" de glace, qui commencent à fondre.
Le bruit des gouttes rythme l'installation du public. L'ambiance est posée.
Une silhouette immobile, statue antique, silhouette " aristocratique" ... une femme juive... qui attend... son amant? Son bourreau? Son assassin? Une victime lui aussi?
Affronter. Affronter la peur. Affronter la mort. Affronter les affres de la passion, du désir.
Rester debout, digne, droite. Le raffinement face à la barbarie. L'élégance face à l'effondrement. Rester stoïque, jusqu'au bout.
Parler pour ne pas sombrer, pour vivre, encore un peu.
Si le texte reste empli de mystère, la sobriété du jeu, la présence de l'interprète, et cette belle scénographie nous entraînent dans cet univers particulier. S'abandonner aux digressions de la pensée, aux répétitions, aux errances de l'esprit...ne pas chercher à tout comprendre, basculer dans un autre monde.
On sursaute quand les blocs de glace s’effondrent peu à peu, quand les bruitages (superbe travail pour l'univers sonore de la pièce) se font plus menaçants, et quand dans les dernières secondes, c'est la voix chantée de Natalie Dessay que l'on retrouve, on est ému, tout simplement... jusqu'au final qui laisse sans voix...
De quoi conclure une belle saison au théâtre de Tours!
Spectacles vus cette année, en attendant de découvrir la plaquette de la saison prochaine:
(du plus récent au plus ancien)
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