de
Alfred de Musset (version de 1833)
mise en scène
Frédéric Bélier-Garcia
avec
Sébastien Eveno : COELIO
Denis Fouquereau : TIBIA, valet de Claudio
Jan Hammenecker : CLAUDIO, juge
Laurence Roy en alternance : HERMIA, mère de Coelio
David Migeot : OCTAVE
Yvette Poirier : CIUTA vieille femme
Sarah-Jane Sauvegrain : MARIANNE, femme de Claudio
lumières Roberto Venturi décor Jacques Gabel assisté de Morgane Baux
costumes Catherine Leterrier assistée de Elise Cribier-Delande
création musicale Vincent Erdeven collaboration artistique Caroline Gonce
création sonore Jean-Christophe Bellier
collaboration au jeu Justine Moulinier
artistes de complément Jean-Pierre Prudhomme, Lucie Collardeau, Olivier Blouineau
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Octave et Marianne |
photo
Mon petit mot
pièce de théâtre en deux actes d'Alfred de Musset, en plein mouvement romantique,
Les Caprices de Marianne paraissent en
1833 dans
La Revue des Deux Mondes avant d'être créés à la Comédie-Française le
14 juin 1851.
Du même menteur en scène ,
Frédéric Bélier-Garcia, j'avais apprécié
La mouette de Tchekhov
il y a quelques temps, j'ai été ravie de retrouver son travail dans ce Musset.
Tout commence par un questionnement quasi- philosophique (extraits des questionnaires de Max Frisch) adressé au spectateur, les regrets, l'amour, la vie, la mort, de quoi entrer dans l’œuvre en un instant, et oui, que d'échos l'on peut toujours y trouver dans nos vies....
Et puis le rideau se lève et nous voilà placés sur les pentes du Vésuve, un décor accidenté, des
villas antiques ou baroques d'après éruption, les cierges d'une église, qu'est ce qui va renaître
de ces cendres? Un embrasement des passions? Une réplique violente au cataclysme ?
C'est carnaval. Un carnaval triste. Mélancolie, désenchantement, décadence... oisiveté... se tourner vers la religion, les "conduites à risques" (alcool, débauche) ou la quête d'un amour impossible, quête vouée à l'échec dès le départ, ressemblant fort à un suicide programmé...?
mourir d'amour ou d'ivresse... Mais est-ce vraiment de l'amour? Qu'en pense la femme courtisée?...
Ils sont trois hommes à lui tourner autour, mais l'un d'entre eux se préoccupe -t-il de ce qu'elle peut penser, ressentir, désirer? Qui peut l'aider, qui peut la comprendre? Elle en appelle même brièvement à sa mère. Bien seule, cette Marianne.
Et tout à coup, au détour d'une réplique de Marianne, et des choix de la mise en scène, je redécouvre ce texte que je croyais connaître, et si son couple avec Claudio n'était pas si malheureux que cela? Et qu'en est-il finalement des sentiments de Coeilo? Et ses réflexions sur la femme, des accents féministes qui résonnent juste...
Bref, des sentiments complexes, des interrogations,j'ai apprécié cette représentation!
extrait:
MARIANNE.— Mon cher cousin, est-ce que vous ne plaignez pas
le sort des femmes ? Voyez un peu ce qui m’arrive : il est décrété par
le sort que Coelio m’aime, ou qu’il croit m’aimer, lequel Coelio le dit à
ses amis, lesquels amis décrètent à leur tour que, sous peine de mort,
je serai sa maîtresse. La jeunesse napolitaine daigne m’envoyer en votre
personne un digne représentant chargé de me faire savoir que j’ai à
aimer ledit seigneur Coelio d’ici à une huitaine de jours. Pesez cela,
je vous en prie. Si je me rends, que dira-t-on de moi ? N’est-ce pas une
femme bien abjecte que celle qui obéit à point nommé, à l’heure
convenue, à une pareille proposition ? Ne va-t-on pas la déchirer à
belles dents, la montrer au doigt et faire de son nom le refrain d’une
chanson à boire ? Si elle refuse, au contraire, est-il un monstre qui
lui soit comparable ? Est-il une statue plus froide qu’elle, et l’homme
qui lui parle, qui ose l’arrêter en place publique son livre de messe à
la main, n’a-t-il pas le droit de lui dire : vous êtes une rose du
Bengale sans épines et sans parfum ?
A méditer également, le Questionnaire de Max Frisch, quelques extraits (vous avez quatre heures!) :
Qui auriez-vous préféré ne jamais rencontrer?
Quel âge aimeriez-vous atteindre?
Aimez-vous quelqu'un?
Et qu'est-ce qui vous amène à cette conclusion?
A supposer que vous n'ayez jamais tué personne: comment expliquez-vous que vous n'en soyez jamais arrivé là?
Que vous manque-t-il pour être heureux?
De quoi êtes-vous reconnaissant?
Savez-vous en règle générale ce que vous espérez?
Combien de fois faut-il qu'un espoir déterminé ne se réalise pas pour que vous abandonniez l'espoir en question, et y parvenez-vous sans concevoir immédiatement un autre espoir?
Quel espoir avez-vous abandonné?