Une jeune femme réunit autour d'elle ses amis dans une maison où ils avaient l'habitude de passer leurs vacances.
Dans la douceur d’un été, alanguis sur une terrasse alors qu’on se
prend à rêver confusément d’Italie, nos cerveaux contemporains
peuvent-ils seulement concilier la Rome éternelle de Fellini et
la tragédie de Lampedusa ? Certains drames devenus si proches,
comment trouver que nos quêtes de beautés, nos désirs effrénés et nos
blessures amoureuses n’ont pas aujourd’hui quelque chose de
définitivement minuscule et obscène ? Comment peut-on encore se
frayer un chemin vers l'autre, quand derrière les clôtures et les murs
qui enclosent la maison, le monde et l’Histoire
semblent s’être arrêtés, capables à tout moment de basculer vers le
pire ?
Qu’ont-ils vécu d’essentiel, que reste-t-il à vivre ? Un paysage,
une parole, un temps mort ou l’éclosion d’une fleur une fois l’an
peuvent prétendre désormais au rang d’évènements
inoubliables, des expériences les plus intenses de leurs vies.
Finalement, l'histoire se résumerait à cinq personnes qui tentent
l'expérience de leur crise intime. En villégiature ou en repli, en quête
d'utopie ou de simple survie, on ne saura jamais.
Collectif Colette
TEXTE Ronan Chéneau
mise en scène Laurent Cogez
collaboration artistique Marie Filippi
avec Antoine Amblard, Lou Martin Fernet, Blaise Pettebone, Nelly Pulicani, Maxime Taffanel
Regard privilégié: Carine Goron
scénographie Alexis Héroult
lumières Pascal Noël
création musicale et sonore Maxence Vandevelde
Costumess Elsa Bourdin
Coordination technique Olivier Moralès, Camille Enault
Mon petit mot
«Peut-être qu’il est temps, le temps de quelque chose comme...regarder, faire autrement... je ne sais pas. Temps de commencer autre chose, tu as raison...maintenant ou jamais.»
J'avais découvert avec plaisir cette compagnie l'année dernière lors du festival WET :
et le plaisir est confirmé!
D'abord, il y a l'envie de retrouver Blaise Pettebone, Nelly Pulicani, les jeunes comédiens, que l'on a connus grâce au dispositif du JTRC, que l'on a suivis de spectacles en spectacles, de les voir évoluer dans un nouvel univers... et de confirmer tout le bien que l'on pense d'eux!
Et puis il y a aussi la curiosité de découvrir un texte, un auteur... là aussi pari réussi!
Voilà un spectacle qui comporte de différentes strates!
Cela commence (comme dans Pauline à la plage, ce spectacle se place d'ailleurs tout à fait dans la continuité du précédant) par des références à la nature, en l’occurrence ici à la belle de nuit, l' Epiphyllum oxypetalum, cette fleur éphémère qui ne s'ouvre que l’espace d'une nuit par an...
Comment un instant si éphémère peut faire basculer le cours d'une vie...
Des amis se retrouvent dans une maison bien délabrée, où la nature reprend peu à peu ses droits...
L'avenir s'annonce particulièrement sombre.
Quels choix faire ?
Continuer à fuir vers l'avant, vers l'ailleurs?
Revenir à l'essentiel? Et quel est-il?
La pièce oscille alors entre questionnement quasi philosophique, et "intermèdes" légers ou tendres, au fil des souvenirs de vacances du groupe.
On passe ainsi de vrais rires à la réflexion et à des silences qui bouleversent.
La scénographie comporte quelques belles trouvailles (ce qui sert de balles de tennis dans les souvenirs, pour ne pas en dire plus, visuel très bien trouvé!).
La mémoire fuit, le passé se dé/reconstruit, les valeurs de l'amitié, l'amour non partagé, le rapport à l'autre, la solidarité, l'entraide, ... une pièce douce-amère que je vous conseille de découvrir!
Et ce "Presque L'Italie" peut participer à ce mois italien!
La maison se situe à la frontière italienne, les souvenirs oscillent entre les deux pays, une chanson italienne résonne, et une scène est même entièrement jouée en italien, et c'est un des très forts moments du spectacle!
Une pièce à prolonger pourquoi pas par le visionnage de ce film, présenté dans les images évocatrices de la création, dans le dossier pédagogique du spectacle
Le Jardin des Finzi-Contini, de Vittorio De Sica
Libellés : théâtre