Être beau, Frédérique Deghelt, Astrid di Crollalanza


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Être beau, Frédérique Deghelt, Astrid di Crollalanza
extraits
 Dès la préface, les mots font mouche :
On (est) l’image que les autres se sont faite de soi pendant assez longtemps. L’image qu’on finit par adopter comme étant notre propre référence. On se ressent tel que les autres nous voient. Ils sont le miroir dans lequel chacun brise ses limites.
 (...)  Je vois bien la dictature de l’image que l’on subit. (...) La réalité de la gueule qu’on se fait a été remplacée par le culte de la gueule qu’on dissimule, qu’on botoxe, qu’on transforme, qu’on simule. Les êtres de ces papiers glacés sont glaçants. Hors de la vie.
[...] À l’adolescence aussi, quels que soient la tête qu’on a, le corps qu’on a, on se croit laid. Tout est une question de perception intérieure, mais si une photographe vous donne l’occasion de vous sublimer, d’exister dans l’écriture de votre image avec de la lumière… Peut-être qu’en montrant les êtres qu’on ne voit jamais comme des stars dans les magazines sous prétexte qu’ils sont différents, malades, handicapés, bref, que leur enveloppe n’appartient pas à la bonne catégorie photographiable, on peut raconter la vraie beauté.[...]
Tout au long du livre, j’emploie le mot « handicap » parce qu’il existe et qu’il n’est pas question de le nier puisque nous ne cessons de l’interroger. C’est notre spécificité humaine de nommer les choses et les gens, les situations, les sentiments, et de faire évoluer ce langage. Parfois il nous dépasse, mais il est utopique de croire que les mots sont innocents, qu’ils évoluent sans notre désir ou notre impulsion. Le mot par lequel on qualifie une personne précède notre désir de la regarder sans la spécificité que lui donne ce mot.

Tout y est. 
La rencontre de l'auteure et de la photographe, leurs sensibilités conjuguées, et surtout, les modèles qui se sont prêtés au jeu... quel bonheur! Et qu'ils sont beaux! 
Qu'est ce qu'être beau ? Aux yeux de qui ? De soi ? D'un inconnu ? D'un proche ?
Qu'est ce qu'être normal ? 
Qu'est ce qu'être soi ? 

 Tant de questions au fil des pages... 

Le livre alterne portraits photographiques accompagnés d'une présentation du modèle et chapitres réflexifs sur le handicap, et le corps en général. 
 Plusieurs auteurs et films sont également cités, comme autant de points d'appui à la réflexion et de prolongements potentiels de la lecture.

On y parle d'image, du regard des autres bien sûr, de la violence des réactions envers les uns ou les autres, de l'intégration si difficile à l'école ou dans la société, de petites phrases assassines,  mais aussi de liberté, de confiance, on croise des êtres magnifiques, dans leur corps comme dans leur tête... 

De tous âges, de tous horizons, de tous handicaps, physiques, mentaux... de l'enfant trisomique à l'athlète paralympique, de l'autisme aux physiques différents, loin des diktats de la mode, rondeurs, nanisme... ils forment un kaléidoscope touchant, qui ne peut que faire réfléchir sur le regard porté sur les autres.



C’est là que j’ai réalisé que partout où il va, mon fils est d’abord ce que les autres voient, Sa différence. Un jour sans doute il sera ce qu’il fait et non pas ce qu’il donne à voir



Les dix-sept valises, Isabelle BARY






La chanteuse Mathilde fait partie de ces portraits

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