La présentation du théâtre :
Gabriel Orsini est un peintre
renommé en pleine crise existentielle. Dans sa vie, tout fout le camp :
faute d’inspiration, il ne peint plus depuis des lustres, malgré le
soutien sans faille de Maxime, son fidèle galeriste. Il ne supporte plus
sa compagne Célia, qu’il juge trop attentive. Il en veut aussi
terriblement à Abel, son fils unique né d’un premier mariage désastreux,
d’être devenu trader à New-York… suivant ainsi la voie de Samuel
Orsini, le grand-père banquier de Gabriel. Né de père inconnu, et
orphelin de mère, Gabriel a été élevé par Samuel, un grand-père austère
et implacable, à qui il a toujours voué une haine sans limite.
Or,
à la veille de ses 50 ans, qu’il s’apprête à ne surtout pas fêter,
Gabriel reçoit un cadeau inattendu de la part d’une mystérieuse inconnue
: un magnifique duplex entre Montparnasse et Saint-Germain des Prés.
Comme
il passe la porte de cet atelier d’artiste hors du commun, Gabriel,
accompagné de son galeriste Maxime et de son fils Abel, est aussitôt
ébloui par la lumière. Mais ce qu’il ignore encore, c’est que cette
lumière vient de son passé et qu’il s’apprête à remonter le temps…
J'y allais pour Valérie Karsenti, vue plusieurs fois au théâtre, et jamais déçue, cela se confirme !
Première bonne surprise à l'ouverture du rideau, le décor, qui va dévoiler toute sa richesse scènes après scènes.
Sur deux niveaux, un appartement entier virevolte et offre de multiples points de vue.
En fond de scène, la vue par les fenêtres varie au fil des époques, puisque la pièce alterne années 1950 / de nos jours.
Montparnasse quitte ses airs de village pour les tours, la vue change aussi au fil des saisons ou des heures de la journée, le temps qui passe, le temps qu'il fait... l'ensemble est très réussi, on passe avec aisance d'une époque à l'autre !
Mais le décor ne fait pas tout, et l’interprétation est tout aussi séduisante.
Didier Bourdon campe deux personnages avec conviction, Valérie Karsenti (avec un petit accent slave qui surprend mais qui va très bien à son rôle ) est très touchante, les scènes en particulier autour des statuettes des fameux oiseaux inséparables ne laissent pas insensibles (en particulier la dernière...), c'est dans cette époque où l'émotion est la plus présente .
Le reste de la distribution tout comme la mise en scène est tout aussi efficace !
Et puis il y a l'histoire, cette alternance d'époques qui tient le spectateur en haleine au fur et à mesure que les pièces du puzzle se mettent en place (juste un bémol peut-être sur la scène d'ouverture, je suis vraiment entrée dans l'histoire avec le premier changement d'époque).
Très vite, une première question se pose : pourquoi ce grand-père que l'on découvre si charmant dans les années 50 est-il devenu l'homme détestable dépeint par son petit-fils? Comment a-t-il pu à ce point changer ? Et bien sûr qui est cette femme qui vient de lui léguer cet atelier?
Une parenthèse, j'ai beaucoup aimé les portraits que l'on découvre au fil de la pièce, dessinés par la scénographe Emmanuelle Roy, de très belles réalisations!
Peu à peu, de multiples détails font sens... , une bouteille de champagne non débouchée, ces tableaux qui hantent l'appartement, une carte postale d’Égypte, un journal... tout a son importance!
D'indices en révélations, on touche à des questions de transmission, de liens familiaux, du rapport à la création, à l'art, à la liberté, aux choix de vie et à leurs conséquences sur plusieurs générations.
Il y a des passages drôles, d'autres beaucoup plus graves, l'ensemble m'a convaincue!
Bref, à voir!