Un livre sorti de la PAL dans le cadre d'une lecture commune avec Jostein et Joëlle.
Actes Sud, 2012
Lorsqu’il découvre le meurtre de sa femme, Wahhch Debch est tétanisé : il doit à tout prix savoir qui a fait ça,
et qui donc si ce n’est pas lui ? Éperonné par sa douleur, il se lance
dans une irrémissible chasse à l’homme en suivant l’odeur sacrée,
millénaire et animale du sang versé. Seul et abandonné par l’espérance,
il s’embarque dans une furieuse odyssée à travers l’Amérique, territoire
de toutes les violences et de toutes les beautés. Les mémoires
infernales qui sommeillent en lui, ensevelies dans les replis de son
enfance, se réveillent du nord au sud, au contact de l’humanité des uns
et de la bestialité des autres. Pour lever le voile sur le mensonge de
ses origines, Wahhch devra-t-il lâcher le chien de sa colère et faire le
sacrifice de son âme ?
Par son projet, par sa tenue, par son
accomplissement, ce roman-Minotaure repousse les bornes de la
littérature. Anima est une bête, à la fois réelle et fabuleuse, qui veut
dévorer l’Inoubliable.
Mon petit mot
Je connaissais Wajdi Mouawad par le théâtre, il a fallu cette lecture commune pour me donner le courage d'ouvrir Anima.
Un étrange phénomène attirance-répulsion me faisait tourner autour de lui depuis très longtemps, la crainte de sa violence, le plaisir espéré de cette langue particulière... c'est finalement chose faite !
Et si en effet certaines scènes sont particulièrement dures , la puissance du propos et l'originalité des points de vue l'ont emporté.
Donner la parole ainsi aux animaux qui nous entourent, des plus nobles à ceux que l'on ignore ou que l'on repousse, pour mieux faire ressortir l'animalité, la bestialité de l’humain... pour prendre de la distance aussi, et nous faire nous interroger sur ces termes... Qui est le plus "animal"?
Du Liban aux réserves indiennes, du Canada aux Etats-Unis, l'histoire d'un homme, d'un pays, du monde... une plongée dans le pire de l'humanité.
Guerres de religion, drogue, meurtres les plus barbares, mais aussi poésie, croyances de toutes sortes, de l'animal totem aux mythes fondateurs.
Un roman foisonnant, qui ne perd jamais son lecteur (même quand on ne comprend pas tous les mots, certains dialogues en anglais ne sont pas traduits), et que l'on n'a pas envie de lâcher une fois commencé.
Bref, je rejoins les louanges, particulièrement sombre, mais l'écriture vaut vraiment le coup!
Libellés : littérature