ANIMALS
deux pièces zoologiques en un acte d’Eugène Labiche:
La Dame au petit chien et Un Mouton à l’entresol
mise en scène Jean Boillot
musique Jonathan Pontier dramaturgie Olivier Chapuis scénographie Laurence Villerot
création lumières Ivan Mathis régie lumière Emmanuel Nourdin costumes Pauline Pô
collaboration chorégraphique Karine Ponties assistante à la mise en scène Aurélie Alessandroni
construction décors Ateliers du NEST régie plateau Loïc Depierreux
avec
Guillaume Fafiotte - Roquefavour / Falingard
Philippe Lardaud - Defontenage / Rampicot
David Maisse - Joseph / Fougalas
Nathalie Lacroix - Julie / Emma
Isabelle Ronayette - Ernestine / Marianne
Pour en savoir plus :
https://www.cdrtours.fr/sites/default/files/spectacles/animals_-_dossier_de_production_impression_pros.pdf
https://www.cdrtours.fr/sites/default/files/spectacles/dp_les_animals.pdf
Note d’intention de Jean
Boillot et Olivier Chapuis :
Deux pièces, un même motif : le parasite.
Dans La Dame, Roquefavour, un jeune artiste plein de dettes, décide de
s’offrir, lui et ses meubles, en gage à Fontenage, son créancier stupide
: il s’installe ainsi confortablement chez le bourgeois et gagne un
logement sans avoir à rembourser sa dette. Dans Un Mouton, Falingard,
un pseudo-domestique, se fait engager chez Fougallas, mais non pour le
servir : il profite du logis du maître pour mener de macabres
expérimentations animales…
A chaque fois, le bourgeois est berné : le dominé a pour fonction de
souligner son aveuglement, sa bêtise, sa naïveté, sa lâcheté ou son
égoïsme. Mais cette inversion des rôles, ressort classique du comique,
n’est pas seulement au service d’unesatire sociale très réjouissante de
la petite bourgeoisie des rentiers du second Empire, comme on le
voudrait tant. Non, chez Labiche, le dominé ne vaut pas mieux que le
maître ; il est
parfois plus malin, mais, au fond, il n’aspire
qu’à une chose : prendre sa place, jouir de ses biens, et même, de
manière plus inquiétante encore, dérober son identité... Les personnages
de La Dame et du Mouton
sont donc interchangeables, les
catégories sociales sont un leurre, un homme en vaut un autre,
c’est-à-dire ne vaut pas grand chose finalement...
Aussi, ce théâtre-là, résolument comique, est-il d’abord théâtre de
l’acteur. Il oblige à explorer un art du corps dans tous ses états :
corps-marionnette, agité, agissant et agi, joué par des forces
obscures. Corps déchaîné, bondissant ou prédateur et destructeur… Les
désirs, conscients ou non, parasitent les personnages qui ne maîtrisent
plus rien. L’homme de Labiche ne croit plus guère dans la morale, la
civilisation, la science ou le progrès. Comme un animal, il obéit à ses
pulsions : dans le salon bourgeois s’opère un curieux retour à l’état de
nature… On rit beaucoup en regardant ces pièces, mais c’est d’un
rire plus profond qu’on ne croit. Cruauté de Labiche, modernité de
Labiche : l’homme est d’abord un animal.
Mon petit mot
Deux pièces s'enchaînent et le rythme, loin de faiblir, s’accélère!
Une transition visuelle bien trouvée entre les deux, et le plaisir de découvrir dans la même soirée des acteurs dans des rôles très différents, de belles performances!
La mise en scène ne les ménage pas, comme l'indique la note d'intentions, c'est le corps de l'acteur qui est au centre. Il révèle l'inconscient, les pulsions, les empêchements, les névroses... et toute l'animalité de l'homme...
La voix également est exploitée dans toutes ses nuances, là encore, gémissements, respirations en révèlent plus que les mots, chant et piano sont également présents, une belle partition sonore.
J'ai beaucoup aimé également les costumes, ce qu'il faut de fantaisie et d'inventivité!
De même dans le décor, les fameuses portes, indispensables au vaudeville, sont ingénieusement renouvelées!
Un Labiche drôle et cruel, bien mené!
Libellés : théâtre