18 février 2016 Anne Carrière
Nina Gary a 18 ans ; alors qu’elle tente de devenir
une femme, elle réalise que quelque chose cloche. Entre son père gambien
qui marche comme un tam-tam, son grand-père à l’accent de Popek qui
boit de la vodka, entre le trop d’amour de sa mère cachée pendant la
guerre, le rejet de la fac et la violence de la rue, elle est perdue.
Noire, juive, musulmane, blanche et animiste, elle en a gros sur le cœur
d’être prise pour une autre, coincée dans des cases exotiques où elle
ne se reconnaît pas. Alors, elle court.
C’est la solution qu’elle a trouvée pour échapper aux
injustices et fuir les a priori d’une société trop divisée pour sa
construction intime. Elle fait le choix de la vitesse pour se prouver
qu’elle a un corps bien à elle et se libérer de l’histoire de ses
ancêtres, trop lourde pour ses épaules. Un mouvement permanent pour
s'oublier, et tout oublier de la Shoah, de l’esclavage, de la
colonisation et de la reine d’Angleterre. Courir pour se perdre,
s’évader, se tromper, être trompée, se blesser, se relever peut-être. Ne
plus croire en rien, seulement au chronomètre et en l’avenir des 12
secondes qui vont suivre. Sentir ses muscles, pour vivre enfin l’égalité
– tous égaux devant un 100 mètres, à poil face au temps.
Entre les
grandes et les petites choses, c’est l’histoire de Nina Gary, une jeune
fille qui court pour devenir enfin elle-même.
Mon petit mot
Voici un roman que je n'avais pas repéré à sa sortie et que j'ai pu découvrir grâce aux "68 premières fois", ce groupe aura vraiment permis de mettre à l'honneur de belles découvertes !
Une grande force se dégage de se texte, relever la tête, avancer... puissant!
Les questions d'identité, entre couleur de peau, religion, rapport filles-garçons, le poids de l'histoire, sont traitées d'une façon qui donne plutôt de l'optimisme, on sourit souvent, même si le constat reste bien sombre, on est loin de tout misérabilisme.
L'écriture est à l'image de la jeune héroïne, dynamique, et enjouée.
Un roman qui donne envie de se battre, c'est pas mal, non?
et 68 premières fois
Libellés : littérature