Actes Sud, mai 2016
Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans
quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indépendantiste, il a
choisi un local à l’écart des ateliers pour cet acte symbolique : il
s’agit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que
l’engin n’explose, n’a tué ni blessé personne, n’est coupable que d’une
intention de sabotage, le voilà pourtant condamné à la peine capitale.
Si le roman relate l’interrogatoire, la détention, le procès d’Iveton,
il évoque également l’enfance de Fernand dans son pays, l’Algérie, et
s’attarde sur sa rencontre avec celle qu’il épousa. Car avant d’être le
héros ou le terroriste que l’opinion publique verra en lui, Fernand fut
simplement un homme, un idéaliste qui aima sa terre, sa femme, ses amis,
la vie – et la liberté, qu’il espéra pour tous les frères humains.
Quand la Justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander
réparation. Lyrique et habité, Joseph Andras questionne les angles morts
du récit national et signe un fulgurant exercice d’admiration.
Mon petit mot
Voici un premier roman très puissant, sur une page peut-être un peu oubliée de l'histoire de la guerre d'Algérie.
L'auteur alterne les points de vue dans ses chapitres, passe d'un personnage et d'un lieu à un autre, alterne évocations des souvenirs et instant présent, pour mieux resserrer la toile autour d'Iveton.
On éprouve d'emblée de la sympathie pour ce proche des indépendantistes algériens, prêt à passer à l'action, mais sans violence.
Et l'on assiste, impuissant, à l'effroyable marche de la justice qui va le broyer. La politique, le populisme, un petit électron pris dans un tourbillon qui dépasse tout.
De quoi évoquer aussi la pratique de la torture, l'attitude du parti communiste ou du gouvernement français.
Le tourbillon de l'écriture renforce le sentiment d'urgence, tout à fait en adéquation avec le propos.
Un auteur de plus à suivre!
Libellés : littérature