Un dernier article autour du voyage dans les Pouilles!
Côté musique cette fois, un incontournable : la tarentelle, forme musicale traditionnelle, connue dès le XVIIe siècle, elle a probablement des racines bien plus anciennes dans le culte des dieux antiques : certains chercheurs y voient une lointaine descendance des rites dionysiaques.
Particulièrement vivante, cette mélodie en 6/8, accompagnée d'une danse entraînante et joyeuse, était jouée au cours de cérémonies qui pouvaient durer des journées entières, afin de guérir ceux qu'on croyait victimes de morsure d'une araignée, la tarentule. Les qualités thérapeutiques qu'on leur prêtait étaient également le prétexte à perpétuer des danses d'origines païennes dans l'Italie catholique rigoriste du XVIIe siècle
Ces cérémonies populaires ont quasiment disparu depuis le milieu du XXe siècle, mais depuis quelques années des chanteurs et formations de musique ancienne redécouvrent les tarentelles et les ajoutent à leur répertoire : citons par exemple Eugenio Bennato ou Christina Pluhar et son groupe L'Arpeggiata.
La tarentelle et la pizzica (de
pizzico signifiant morsure) sont encore jouées lors de nombreuses fêtes
populaires : un rythme énergique et hypnotique qui donne envie de se
lever pour aller danser.
Une danse et une région à l'honneur dans le film: Pizzicata, de Edoardo Winspeare Fiches du cinéma:
1943. Dans la région du Salento, un paysan et ses trois
séduisantes filles recueillent dans leur ferme isolée un aviateur
américain blessé, le soignent et le présentent au village comme un neveu
de la ville. D’origine italienne, Toni s’épanouit auprès de ses hôtes
et de leur culture. Il aide aux travaux des champs Carmine, le père,
esseulé depuis le départ pour la guerre de son fils Donato. Il s’éprend
de Cosima, la cadette et lui inspire un amour passionnel. Elle est
pourtant promise à Pasquale, un riche héritier du pays. Immacolata,
l’aînée, apprend que son fiancé vient de mourir sur le front et ne
supporte pas l’idylle effrénée de sa sœur.
Amoureux de son pays natal, les Pouilles, et plus spécialement du
Salento, le réalisateur œuvre depuis de nombreuses années pour
entretenir la richesse de la culture locale. Il a notamment réalisé un
documentaire sur le "tarentisme", cette frénésie nerveuse ressentie par
les femmes piquées par une tarentule. Ce thème de prédilection est à
nouveau ici au centre de cette fiction tout comme l’est la danse
traditionnelle « Pizzicata ».
Avec : Cosimo Cinieri (Carmine Pantaleo), Chiara Torelli (Cosima
Pantaleo), Fabio Frascaro (Toni Morciano), Anna Dimitri (Immacolata
Pantaleo), Inès d’Ambrosio (Nzina), Paolo Massafra (Pasquale), Lamberto
Probo (Donato)
Italie 1996.
Du même réalisateur, on peut également trouver en français en DVD :
Sangue Vivo
Fortement ancré dans les traditions de la région italienne du Salento,
Sangue Vivo est rythmé par la "pizzica", la musique traditionnelle du
Salento, faite de battements de tambourins qui amènent les danseurs
jusqu'à la transe. Les morceaux sont ici interprétés par le groupe Zoe,
dont le leader Pino Zimba est l'un des acteurs principaux du film.
En Italie du sud, Pino, la cinquantaine, gagne sa vie grâce au trafic de
cigarettes, à l'immigration clandestine des Albanais et divers
expédients. Son frère Donato, la trentaine, est musicien toxicomane.
Ce dernier renie Pino qu'il tient pour responsable de la mort de leur
père. Celui-ci tente de se réconcilier avec son frère par le biais de la
musique.
De plus en plus passif, Donato se laisse entraîner dans le cambriolage
d'une banque et tombe dans la spirale mafieuse. Pino est le seul à
pouvoir le sauver.
d'autres films :
Pour découvrir les Pouilles au cinéma, il y a bien sûr aussi le classique l’Évangile selon saint
Matthieu (1964) de Pier Paolo Pasolini, principalement tourné à Matera
en Basilicate, mais aussi à Mottola ou à Massafra dans la province de
Tarente.
En 1968, le metteur en scène d’avant-garde Carmelo Bene signe
un film expérimental inspiré d’un de ses écrits,
Notre-Dame-des-Turcs, dont
l’un des fils conducteurs est le martyre de la population d’Otrante massacrée par
les Turcs.
On peut citer aussi le réalisateur Sergio Rubini, originaire de la province de Bari, ou Pippo Mezzapesa dont le film Il
paese delle spose infelici, tiré du roman éponyme de Mario Desiati ,est sorti en France en 2012 sous le titre Annalisa.
D'autres films assez récents ont les Pouilles pour décor : Lecce pour Le Premier qui l’a dit (2009) ; Tarente pour Les Acrobates
(1997) de Silvio Soldini , L’Été
où j’ai grandi (2003) de Gabriele Salvatores (d'après le roman de Niccolò Ammaniti)...
et nous guetterons le tournage du dernier Wonder Woman tourné à Matera pendant notre séjour!