J'avance dans les souvenirs de vacances! Plusieurs villes en un article, entre le baroque, les fresques et les mosaïques,sans parler des côtes, le sud des Pouilles est magnifique!
Lecce
La “Florence baroque”Lecce a été, pendant
des siècles, un centre culturel, religieux et commercial prospère et
l'une des villes les plus peuplées du Royaume de Naples.
Eglises à chaque coin de rue, palais, ruines romaines (amphithéâtre encore bien visible en plein centre ville et petit théâtre romain à côté) , une ville où l'on
retrouve une pierre claire, qui se prête merveilleusement bien à la
sculpture, un bestiaire fantastique orne les monuments, tandis que les
influences grecques et orientales sont bien présentes. Porta Napoli
Les balcons et porches sont tous différents, on ne sait plus où donner de la tête!
Réputée pour son patrimoine artistique particulièrement bien
conservé, la ville est considérée comme l'une des capitales de
l'architecture baroque de par l'originalité et la richesse du style
architectural qui y a été développé à partir de la fin du XVIe siècle.
En 1463 Lecce est rattachée au royaume de Naples sous le règne du roi Ferdinand Ier de Naples.
Celui-ci accorde des privilèges favorisant le développement de la
ville, qui devient alors un centre commercial d'importance majeure dans
le sud-est de l'Italie.
Les XVe et XVIe siècles
voient de nombreuses incursions dévastatrices des Ottomans survenir
dans le Salento, le roi Charles Quint entame la construction d'un
château encore existant et d'une nouvelle enceinte défensive
qui comprend l'imposante Porta Napoli .
La victoire de la
ligue chrétienne à la bataille de Lépante en 1571 met définitivement fin
à la menace des incursions turques sur les côtes du Salento et à partir
de la fin du XVIe siècle
commence pour Lecce une période de prospérité et de croissance qui
correspond à l'essor du style baroque dans la ville. Aux XVIIe siècle
presque tous les édifices de la cité sont reconstruits dans le style
baroque particulier développé dans la ville par les architectes qui
peuvent exprimer toute leur créativité dans la réalisation de
décors sculptés grâce à la malléabilité remarquable de la pierre locale
place de la cathédrale
La place de la cathédrale (duomo) est dominée par le campanile de cinq
étages (70 m. de hauteur), reconstruit par Giuseppe Zimbalo entre 1651
et 1682.
La cathédrale fut fondée par les Normands au XIIe siècle et
entièrement réaménagée par Giuseppe Zimbalo. Elle possède un plafond à
caissons orné de peintures ainsi que de nombreux autels baroques et des
toiles de peintres renommés de la région. Sous la
domination espagnole, Lecce se transforme donc en véritable chantier à
ciel ouvert et de nombreuses nouvelles églises, palais et couvents
voient le jour alors que la ville s'agrandit.
Atelier de cartapesta , sculptures en papier mâché
au fil des rues
En 1656, une terrible épidémie de peste ravage la ville. Selon la légende, la fin de la peste fut le fait d'un
miracle de Saint Oronce qui, pour cet acte, fut nommé saint patron de Lecce.
La colonne de Sant'Oronzo fut érigée par Giuseppe Zimbalo à la demande des
autorités de la ville en signe de reconnaissance pour le geste du saint
et à la mémoire de la fin de la peste.
Sur la place Sant'Oronzo, bordée de palais superbes, on découvre
l'Amphithéâtre romain, construit entre le Ie et le IIe siècle, le
Sedile, construction de style Renaissance érigée au XVIe siècle par les
Vénitiens pour marquer leurs accords commerciaux avec la ville tout
comme la petite Chiesetta di San Marco, dont le lion du portail évoque
les liens qui unissaient Lecce à Venise.
La spécialité locale, un délice!
Caffè Leccese: Café, glaçons et lait
d'amande.
De quoi reprendre des forces pour continuer la visite
La Basilique Santa Croce, véritable trésor architectural, est sans doute l'expression la plus aboutie du baroque leccese, est due à Zimbalo et Cesare Penna. L'intérieur
conserve des éléments de la Renaissance mais se distingue par son
plafond à caissons et par la profusion et la finesse de ses autels
baroques, parmi les plus beaux de Lecce, dont un, celui de Saint
François, réalisée par Zimbalo lui-même et illustrant la vie du saint.
et toujours les tableaux accrochés au plafond!
Le XIXe siècle marque
également, même si dans une moins grande ampleur, une période
d'effervescence artistique : la ville s'étend hors de ses murs, de
nouveaux quartiers sont bâtis, aux styles
architecturaux audacieux et éclectiques (néoclassique, néo-moresque ou
néogothique).
Côté cartes postales, Lecce et la notte
Un regret, ne pas y avoir passé une nuit, cette couleur de pierre au coucher du soleil puis illuminée... magnifique!
Après Lecce, nous suivons la côte adriatique pendant quelques kilomètres, à la découverte de beaux sites naturels, en traversant des villages fantômes, de résidences secondaires et autres villages vacances encore fermés en cette saison
SAN FOCA : sa plage, ses grottes, ses restes de tours de guet du XVIè, ses îlots et morceaux de falaises surgissant de ci de là...
ROCA VECCHIA.Falaises, port de plaisance, eaux à la superbe couleur et la Grotta della Poesia sorte de piscine naturelle
TORRE DELL’ORSO. et ses roches jumelles
Galatina
Située au cœur du Salento, Galatina était probablement une colonie grecque comme le laisse supposer le toponyme de la ville, que l'on peut traduire par « belle Athènes » ou « Athènes de lait ».
La Basilica Santa Caterina d'Alessandria : Construite entre 1384 et
1391, exemple unique du gothique dans le Salento, cette Basilique
possède un très beau cycle de fresques de la fin du XIVe. Les murs du
cloître du couvent adjacent, sous les arcades, sont recouverts de
fresques datant de la fin du XVIIe.
Les photos étant interdites à l'intérieur, j'en ai choisi 3 pour illustrer mes propos sur des sites historiques
Mais un personnage attire particulièrement le regard, Marie d'Enghien, comtesse de Leccce et importante mécène.
MARIA
d 'Enghien, née en 1367 , fille du
comte de Lecce, et de Sancia Del Balzo. Après la mort sans autre
héritier de son frère, elle lui succède en 1384, comme comtesse de
Lecce. Cette succession intervient dans une époque troublée, depuis
l'élection, avec l'appui de la reine Jeanne Ire de Naples, de
l'antipape Clément VII, qui conteste la validité de l'élection du
pape Urbain VI. Clément VII s'installe à Avignon, où il bénéficie
de la double protection du roi de France et de la reine Jeanne qui
est aussi Comtesse de Provence. La crise de succession du royaume de
Naples vient doubler la confusion lorsque Charles de Durazzo, décide
de s'emparer de Naples avant que le royaume ne soit dans les mains de
Louis Ier d'Anjou-Valois que Jeanne a adopté . Charles de Durazzo
fait assassiner la reine Jeanne en 1382. Marie d'Enghien soutient
d'abord Louis d'Anjou et épouse Raimondello Orsini Del Balzo qui,
avec Thomas Sanseverino, le 7 Juillet 1385 avait libéré le pape de
Nocera, assiégée par les troupes de Charles III d'Anjou Durazzo.
Ils
s'assurent une large domination dans les Pouilles (Brindisi,
Gallipoli, Martina Franca, Monopoli, Molfetta, Barletta, Altamura et
Minervino Murge) et entrent en lutte contre Ladislas d'Anjou Durazzo
La basilique de Sainte Catherine d'Alexandrie à Galatina, a été
construite par la volonté de Raimondello pour abriter la relique du
doigt de la sainte qu'il a ramené des croisades.
Raimondello
meurt soudainement en 1406. Marie décidé de poursuivre la lutte,
cache tout d'abord la mort de son époux et rejoint Tarente, plus
facile à défendre, avec ses quatre enfants en bas-âge (Giovanni
Antonio, Gabriele, Marie et Catherine). Elle organise les préparatifs
pour soutenir le siège de la ville face à Ladislas, engage des
troupes mercenaires sous le commandement du neveu de son mari,
Francesco Orsini. Ladislas lève le siège de Tarente après près de
deux mois sans résultats significatifs. Mais , sans aide extérieure,
la ville pourra difficilement résister à une nouvelle attaque. Au
terme de négociations compliquées, et d'une situation
militaire très difficile, un mariage est finalement conclu entre
Marie d'Enghien et Ladislas , dont elle devient la troisième épouse.
Il est célébré le 23 avril 1407.
Marie
s'installe à Naples avec ses enfants, mais n'est pas vraiment
intégrée par l'entourage de son nouvel époux. Ils n'eurent pas
d'enfants ensemble. A la mort de Ladislas, de maladie, en 1414, elle
est emprisonnée à Castelnuovo tant que la succession au trône de
Naples (par la sœur de Ladislas et son beau-frère, Giacomo de
Bourbon) n'est pas réglée. Elle est libérée à la fin de 1415 ou
au début de 1416 , ses deux fils deux ans après.
Elle
se réinstalle à Lecce, s'occupe de l'administration, et de mécenat
culturel. Elle poursuit la réalisation des décors de la basilique
de Galatina avec un important cycle de fresques. Utilisant ce qu'elle
avait observé à la cour de Naples, elle continue à moderniser son
comté. En 1445 , elle a publié «Statuta et capitules
florentissimae civitatis Litii", symbole d'une sage
administration de la ville,
concernant aussi bien la
propreté, les règles à suivre en cas d'incendie, la violence
… elle a appliqué un système fiscal équitable, développé
le commerce
et
l' industrie
(l'art de la draperie,
des bijoux, des sculptures sur bois et sculpture). Elle rétablit les
relations économiques avec la République de Venise. Dans les
documents publics, le latin commence à être remplacé par le
dialecte et la langue vernaculaire. Elle meurt à Lecce le 9 mai
1446 . Le recueil d'actes juridiques connu sous le nom de « Code
de Maria d’Enghien » est compilé quelques années après sa
mort.
Parmi
les nombreuses scènes où apparaissent des personnages, il y a
souvent un portrait du
commanditaire, Maria d’Enghien
est vraisemblablement représentée sur la fresque de l'«Adoration
des Mages», Raimondello est représenté à genoux devant l'Enfant,
alors un page soulève la couronne de Maria d'Enghien, pour qu'elle
puisse adorer l'enfant Jésus comme l'a fait son mari, derrière
eux, leur fils aîné Giovanni Antonio, qui donne le cadeau. Elle est
également représentée sur une autre scène, derrière la Vierge,
les bras croisés, dans l'attitude typique de l'acheteur ainsi qu'en
mariée.
Construite en 1300 par la famille de Brienne, la tour est parfaitement cylindrique, et entourée d'un jardin d'agrément
C'est depuis cette tour qu'elle a rédigé une grande part de ses textes.
La pièce la plus importante de la tour est certainement la petite
chapelle, commandée par la reine Marie d'Enghien, Les fresques datent de 1300, retraçant la vie de Sainte Marie - Madeleine
De nombreux vestiges anciens se trouvent sous la tour, peut-être des bains un moulin ...
des inscriptions byzantines ont été retrouvées ansi qu' une petite nécropole médiévale
Otrante
À la pointe extrême de l'Italie, sur
le talon de la "botte", cette ville où l'influence grecque
était telle qu'on y parle encore un dialecte proche du grec, fut
jadis capitale du dernier réduit byzantin, la Terre d'Otrante.
Otrante est la ville d'Italie la plus proche de l'Albanie : elle
n'est séparée de la ville de Vlora que par le canal d'Otrante,
large d'environ 70 kilomètres.
Elle
résista longtemps aux Lombards puis aux Normands avant de connaître
au 15e s. le drame : vaincus par Mehmed II, 800 habitants
furent massacrés sur la colline de Minerve où a été élevé un
sanctuaire en mémoire des "martyrs d'Otrante". Trois mois
plus tard, Otrante fut réoccupée par les Aragonais.
vue
de la statue commémorant la visite de Jean-Paul II en 1980
Remparts, tours de
défense, port, vue sur les côtes albanaises, monument en mémoire
du naufrage du Kater I Rades, bateau
albanais en 1997 et ses 80 victimes
Extérieurs du
château
Monuments aux
martyrs face à la mer.
Visite de la
cathédrale et de sa crypte crypte au quarante-deux colonnes . La
cathédrale d'Otrante est célèbre pour sa mosaïque médiévale
d'une iconographie riche et complexe.
Un arbre de vie, des scènes
bibliques, mais aussi des épisodes tirés de légendes épiques ou
romanesques (Ascension d'Alexandre tiré vers le ciel
par des griffons), un
calendrier avec les travaux des mois, un bestiaire, etc. Une
inscription précise que cet ensemble fut exécuté entre 1163 et
1166, au temps de Guillaume II, roi de Sicile, et de Jonathas,
archevêque d'Otrante, par un prêtre nommé Pantaléon.
Côté cartes postales
... A suivre!
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M
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