Cristina Comencini place son dernier roman, Matriochka,
sous le signe de l’emboîtement et du multiple : le titre évoque ces
poupées russes gigognes, à l’image desquelles chaque femme en contient
plusieurs autres. Ainsi en est-il d’Antonia, figure centrale du roman,
célèbre femme sculpteur obèse, monumentale, âgée, qui porte en elle,
intactes, toutes les femmes qu’elle a été et qui se font jour au fur et à
mesure des entretiens menés avec son interlocutrice, Chiara, jeune
romancière frustrée venue à la biographie par dépit.
Entre les deux femmes aux vies à la fois contraires et proches
s’instaure peu à peu une relation intense, qui envahit la sphère privée
de la biographe, et va déterminer chez elle un renversement radical : au
lieu d’une biographie, c’est une œuvre de fiction qu’elle écrira
finalement.