Éditions Albin Michel.
« La vie d’un hypermarché bat au rythme de l’humanité manipulée. Et cela
fait vingt ans qu’elle participe à cette manipulation. »
Elle attend et n’exige rien du destin. Elle laisse glisser les heures,
elle ne participe pas, elle est là, peu influente, jamais déterminante
et sans rancune. Elle est en parallèle, attentive, mais pas impliquée.
« Elle », c’est cette jeune femme de 22 ans qui entre comme stagiaire au
rayon textile d’un hypermarché, pour y devenir très vite chef de
secteur. C’est cette « femme sans qualité » dénuée d’ambition, qui
cherche juste à combler le vide abyssal de sa vie. En acquérant un
statut, elle quitte les rives de son existence banale pour faire enfin
partie d’un monde. Celui de la grande distribution.
Univers absurde, construit sur le vide et les faux-semblants.
Frédéric Viguier signe un premier roman implacable, glaçant et
dérangeant sur l’inhumanité de l’entreprise et l’indifférence
ambitieuse. Au vide moral, affectif et intellectuel de son
héroïne, il répond d’une écriture sèche et minimaliste. D’une lucidité
cruelle mais sans cynisme, Ressources inhumaines donne à voir avec
subtilité et intelligence les mécanismes de notre société de consommation.
Mon petit mot
Ou... vous ne ferez plus vos courses de la même façon!
Une plongée dans l'univers implacable de la grande distribution, mais ces rapports de force, de pouvoir, peuvent être transposés à n'importe quelle autre entreprise.
Une micro-société assez terrible, écraser l'autre pour conserver sa place, se méfier de tout le monde, tenter de s'élever par tous les moyens vers les sphères du pouvoir... Le titre du roman est d'ailleurs particulièrement bien trouvé.
Et au milieu de tout cela une curieuse héroïne, un mal être profond , dont nous suivons l'ensemble de la vie professionnelle.
En fin de chaque chapitre, quelques lignes, comme issues de son propre journal intime. Ce sont ces passages qui m'ont le plus touchée. La solitude, l'absence d'enfant, le rapport à ses parents, des pans de vie, de questionnements se dévoilent peu à peu...
Le travail, si destructeur qu'il puisse être, est toute sa vie. Un vide immense autour.
Un monde assez glaçant, et hélas si réel.
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