écrite en 1888
La raison du plus fort, l'emprise du vulgaire sur l'esprit supérieur est
un thème cher à Strindberg. À cette proposition récurrente, l'auteur
ajoute bien souvent un drame de l'amour. Une passion qui lie deux êtres
en tous points différents, l'un animé de nobles valeurs, l'autre dénué
de tout scrupule, et qui donnent naissance à une liaison contre-nature.
Avec un espoir mêlé de crédulité, Mademoiselle Julie se laisse prendre
dans les filets de l'amour. Une fois conquise et sans défense, le piège
se referme. Elle s'est donnée à son valet de chambre, Jean, qui,
profitant de l'ascendant qu'il exerce désormais sur elle, la pousse à
voler son père pour assouvir ses viles ambitions. Un fait divers somme
toute banal s'il n'y avait cette noirceur tragique qui s'amplifie et qui
opère comme une spirale d'où l'on ne réchappe pas.
Reconnue comme l'une
des plus grandes pièces de Strindberg, Mademoiselle Julie est un drame où toute la dimension ténébreuse et pessimiste de l'auteur suédois s'exprime magistralement.
Traduit du suédois par Terje Sinding
Mon petit mot
Après Claudel en août, je continue à m’atteler à des auteurs qui me faisaient un peu "peur"!
Une pièce aux confrontations multiples, entre hommes et femmes, entre classes sociales, entre conceptions de la vie et de valeur, rapport à la religion, entre éducation et idée faite de la condition de la femme...
Ce qui a pu faire scandale à sa création (on y parle de règles par exemple, ou encore de mixture destinée à provoquer un avortement chez une chienne), ne choque certes plus guère aujourd'hui, mais la violence et le cynisme de certaines répliques continuent de faire mouche!
Et reste tout particulièrement le personnage "noir" du valet manipulateur, ambivalent, ambitieux, monstrueux.
Orgueil, séduction, domination, répulsion, la fin sera tragique, pas d'issue possible...il est dangereux de jouer avec le feu.
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