éditions Philippe Rey
Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans,
emportée une veille de Noël après quatre jours d’une fièvre sidérante,
Sophie Daull a commencé à écrire.
Écrire pour ne pas oublier
Camille, son regard « franc, droit, lumineux », les moments de
complicité, les engueulades, les fous rires ; l’après, le vide,
l’organisation des adieux, les ados qu’il faut consoler, les autres dont
les gestes apaisent… Écrire pour rester debout, pour vivre quelques
heures chaque jour en compagnie de l’enfant disparue, pour endiguer le
raz de marée des pensées menaçantes.
Loin d’être l’épanchement d’une
mère endeuillée ou un mausolée – puisque l’humour n’y perd pas ses
droits –, ce texte est le roman d’une résistance à l’insupportable, où
l’agencement des mots tient lieu de programme de survie : « la
fabrication d’un belvédère d’où Camille et moi pouvons encore,
radieuses, contempler le monde ».
Mon petit mot
Voilà un livre que je n'aurais peut-être pas eu la force d'ouvrir sans le projet "68 premières fois".
La perte d'un enfant. Quoi de plus terrible?
Alors j'y suis allée par toutes petites touches, par peur d'être submergée, quelques pages à la fois, tout doucement... et puis Camille m'a happée... et j'ai finalement lu d'une traite les derniers chapitres.
Sophie Daull a merveilleusement réussi. Camille est là, avec nous, elle m'a accompagnée pendant toutes les journées sur lesquelles j'ai étalé cette lecture... et elle a même réussi à me faire rire parfois...
Si, si, entre les absurdités de l'après, des pompes funèbres, il y a des rires jaunes, mais il y en a des vrais aussi.
Des réactions de l'entourage aux préparatifs de la cérémonie funéraire, en pleine période de fêtes de fin d'année, jamais larmoyant, le ton trouvé est juste.
De l'amour, de la vie, un bel hommage à cette jeune fille partie bien trop tôt, et un vrai talent d'écriture.
Un travail de deuil et de mémoire qui passe par les mots, une écriture thérapeutique, mais tournée vers les autres.
Écrire. Continuer à vivre. Ne pas oublier.
Je connaissais la Sophie Daull comédienne, je n'oublierai pas ce texte, et je n'oublierai pas Camille.

Libellés : littérature