Après le silence Didier Castino #RentréeLittéraire2015

Liana Levi
20-08-2015
«Quand on parle de moi, il y a toujours l’usine. Pas facile de parler d’autre chose.» Dans un monologue destiné au plus jeune de ses fils, Louis Catella se dévoile.
Mouleur syndicaliste aux Fonderies et Aciéries du Midi, il s’épuise dans la fournaise des pièces à produire et le combat militant. Il raconte aussi la famille, l’amour de Rose, le chahut des garçons, les efforts rageurs pour se payer des vacances... Une vie d’ouvrier, pas plus, pas moins. Jusqu’au grand silence du 16 juillet 1974. Louis meurt accidentellement. Et pourtant l’impossible monologue se poursuit, retraçant la vie sans père de ce fils qui n’avait que sept ans au moment du drame. Partagé entre le désir d’échapper à ce fantôme encombrant dont tout le monde tisse l’éloge et la peur de trahir, c’est à lui maintenant de devenir un homme.
Ce roman intense brosse la chronique de la France ouvrière des années 60-70, le récit intime de l’absence, la honte et la fierté mêlées des origines.



Mon petit mot

Un beau portrait dans ce premier roman !

Entre chronique sociale , de Mai 68 au syndicat d'usine, et roman autour de la transmission père - fils , c'est une belle plongée dans le monde de ceux qui se taisent souvent.

L'usine en est presque le personnage principal, une vie ouvrière racontée de belle manière.
Travail, risques, rapport aux patrons, engagement militant, luttes, poids des classes sociales,  mais aussi le (peu ) de place laissé au reste : famille, vacances, le tout décrit, de la 2cv à l'ami 8, avec une foule de petits détails qui nous replongent dans une époque si proche et si lointaine.

Et puis tout bascule avec la mort accidentelle du père.

Et c'est  presque un autre roman qui commence, une veuve , des orphelins ...  une absence à combler.
Le roman de l'absence.
Une figure de père à imaginer, reconstruire, embellir , un absent si présent.
Et  la Voix du fils qui finit par se faire entendre. Qui a choisi une autre voie que celle du monde ouvrier. Se faire une petite place à côté de la statue du commandeur érigée au père, se dégager un peu de son modèle...

Un bel hommage au père, et au monde ouvrier.


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