La demande Michèle Desbordes

À la fin de sa vie, sur l’invitation du roi de France, un maître italien, peintre et architecte, quitte son pays. Accompagné de ses élèves, il fait le long voyage jusqu’à la Loire où il aura sa demeure.
On lui donne une servante.
La relation de cette rencontre, en vérité bouleversante, impossible à cerner dans une formule, est le cœur du roman servi par la prose tendue, insidieuse et dense de Michèle Desbordes qui porte – magistralement – le récit jusqu’à son point d’orgue : la demande.
Quand il arrive en France à la fin de sa vie, Léonard de Vinci est loin de jouir de la réputation qui est la sienne aujourd'hui. De son oeuvre de peintre, presque rien ne subsiste. Les fresques qui ont fait sa gloire ont déjà disparu de son vivant à cause d'une mauvaise conservation de pigments expérimentaux. Il ne lui reste que quelques toiles, dont La Joconde, qu'il apporte avec lui sur les bords de la Loire où il va vivre ses derniers jours à l'invitation du roi de France. Michèle Desbordes ne cite jamais le nom de Léonard de Vinci. On ne peut s'empêcher pourtant de voir en lui le héros de La Demande, ce vieux peintre italien, exilé loin de son pays. On lui a attribué une servante efficace et dévouée, si discrète qu'il ne la remarque même pas. Entre ces deux êtres si différents se noue peu à peu une étonnante relation, à la fois apaisée et intense. Le paysage des bords de Loire (le fleuve plus qu'un décor est ici un personnage) superbement évoqué et une méditation sereine sur le temps se mêlent étroitement, restituant de manière saisissante cette "douceur angevine" si chère aux poètes de la Renaissance
Michèle Desbordes a obtenu pour La Demande, en 1999, le Prix du roman France Télévision, le Prix du jury Jean Giono et le Prix des auditeurs de la RTBF. 

Le début:
Ils étaient arrivés par les coteaux, par la route qui après les derniers villages et les vignes rejoignait le fleuve, de loin ils avaient vu les toits gris et la crête des falaises et plus bas entre les saules des pêcheurs sur une barque. Par les sentiers et le petit bois ils avaient longé le fleuve, ils allaient lentement et menaient leurs chevaux au pas, ils regardaient les eaux claires, presque bleues dans le soleil et de l'autre côté du fleuve la plaine immense. C'était un dimanche matin et les cloches sonnaient, joyeuses dans le ciel d'avril, dans le vent frais qui chassait les nuages vers la mer. Des villageois menaient leurs bêtes sur la rive. Derrière, du côté de la Sologne, ils entendaient les aboiements d'une meute.

Mon avis
Un petit livre enfoui dans les profondeurs de ma PAL, et qui vient de m'offrir une belle soirée, tout en délicatesse, à petites touches.. picturales...
Une belle promenade en bord de Loire (qui deviendrait presque le personnage principal)  à travers ce livre, et à travers les "coulisses" de la vie du peintre... deux personnages attachants, un artiste à la fin de sa vie, une servante discrète, si différents, et finalement si proches...
Et si Léonard de Vinci n'est jamais nommé, c'est bien de lui dont il s'agit, et cette lecture donne envie de retourner sur ses traces à Amboise,au Clos-Lucé...





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