Présentation :
Sur un bateau vers la Chine, une femme, Ysé, et trois hommes : De Ciz,
son mari, qui espère faire fortune ; Amalric, planteur et aventurier ;
Mesa, jeune commissaire des douanes, à peine sorti du monastère,
irrésistiblement attiré par Ysé. La pièce retrace l’aventure
claudélienne de 1900-1905 et peint moins « les passions que La Passion
d’un homme », chez qui la déception religieuse exaspère et paralyse
l’élan amoureux. Quel meilleur portrait de Claudel que ce Mesa, homme «
sombre et las », en proie à la « manie religieuse », ce « professeur »
volontiers colérique, face à une Ysé « guerrière et conquérante, grande
bête piaffante » aussi prompte à s’offrir qu’à s’imposer ? « Entre un
homme et une femme, il y a toute une espèce de prises. » Dans la vie
spirituelle et dans l’oeuvre de Claudel, Partage marque une
rupture : à la solitude farouche des premiers héros se substitue « le
goût de l’autre »… jusqu’à Dieu ? « Nous voilà engagés ensemble dans la
partie comme quatre aiguilles, et qui sait la laine / Que le destin nous
réserve à tricoter ensemble tous les quatre ? »
Récit d’amour fou, de mort et de foi, le Partage de Midi se
consume sous la lumière des grands ciels marins, dans les comptoirs de
Chine et les salons laqués où brûlent des encens étourdissants ; de
l’autre côté des paravents, la révolte des boxers de 1901 plonge ces
destinées d’aventuriers dans les tumultes de l’Histoire.