La ballade de Lila K Blandine Le Callet


Blandine Le Callet La ballade de Lila K


Présentation de l'éditeur:

La ballade de Lila K, c’est d’abord une voix : celle d’une jeune femme sensible et caustique, fragile et volontaire, qui raconte son histoire depuis le jour où des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge.
Surdouée, asociale, polytraumatisée, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Elle n’a qu’une obsession : retrouver sa mère, et sa mémoire perdue.
Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, où la sécurité semble désormais totalement assurée, mais où les livres n’ont plus droit de cité.
Au cours d’une enquête qui la mènera en marge de la légalité, Lila découvrira peu à peu son passé, et apprendra enfin ce qu’est devenue sa mère. Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué, une violoncelliste neurasthénique en mal d’enfant, une concierge vipérine, un jeune homme défiguré, un mystérieux bibliophile, un chat multicolore... Roman d’initiation où le suspense se mêle à une troublante histoire d’amour, La ballade de Lila K est aussi un livre qui s’interroge sur les évolutions et possibles dérives de notre société. 

Le début
 Dans la vie, il y a toujours un avant, un après, vous avez remarqué ? Avec entre les deux une cassure franche et nette, heureuse ou malheureuse – c’est une question de chance. Elle ne peut pas sourire à tout le monde, évidemment. Je suis sûre que personne n’y échappe.

Mon petit mot

 Je ne suis pas très attirée par les romans d'anticipation, mais à force d'entendre du bien de celui-là, j'ai fini par me laisser convaincre (enfin, plus précisément, une bonne fée de la lecture a fini par me le prêter en me disant qu'il fallait que je le lise... merci!).
Et à ma grande surprise, j'ai plongé dedans tête baissée et ne l'ai guère lâché avant la fin.

Parce qu'au delà de l'histoire personnelle de cette jeune fille, son rapport à sa mère, aux autres.... c'est surtout le questionnement sur la société, les rapports humains, qui en est la toile de fond et qui donne beaucoup à réfléchir.
Entre Big Brother et dérives "sécuritaires", entre la traque des livres et les dénonciations, les émeutes en banlieue, l'eugénisme, la censure, difficile de ne pas faire des parallèles... qui font peur...Mais il y a des "résistants"... alors il y a de l'espoir... un peu...

Et puis cela faisait longtemps que je n'avais pas parsemé un livre de post-its pour garder en mémoire des citations...

Quelques mots
C’est cela, sans doute, faire son deuil : accepter que le monde continue, inchangé, alors même qu’un être essentiel à sa marche en a été chassé. Accepter que les lignes restent droites et les couleurs intenses. Accepter l’évidence de sa propre survie 
J’ai vu soudain un livre s’ouvrir entre ses mains, éclater en feuillets minces, souples et mobiles. C’est comme une fleur brutalement éclose, un oiseau qui déploie ses ailes.
- Comment dites-vous que ça s’appelle ? un livre
- Ça ne peut pas s’effacer ?
- Non, c’est inamovible. Indélébile. Là réside tout l’intérêt avec le livre, tu possèdes le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi sans que personne ne puisse le modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n’est pas un mince avantage, crois-moi, a-t-il ajouté à voix basse. Ex libris veritas, fillette. La vérité sort des livres. Souviens-toi de ça : ex libris veritas.

Je m’étais fait avoir avec les sentiments, on ne devrait jamais. A présent, j’en payais le prix, et je mesurais que c’était inabordable. Denrée de luxe, trop risquée pour les coeurs malmenés. Alors j’ai décidé que je ferais attention désormais. A garder mes distances. A ne pas m’attacher, surtout pas. Me préserver, tout fermer à double tour – réserve, confort, sécurité. C’était nécessaire, c’était vital. Je savais qu’un nouveau chagrin me tuerait
On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller: derrière, il y a tous les monstres que l'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait. Ils perdent consistance, s'évaporent peu à peu. Au point qu'on se demande, pour finir, s'ils existaient vraiment. 
A lire en écoutant: Porgy and Bess (1935) -George Gershwin- Summertime 

 Dans le cadre du challenge

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