Soit une famille, parents aimants, fratrie de
trois, une fille, deux garçons, grands adolescents, presque adultes,
prêts pour le beau départ dans la vie. Le bonheur simple, sans histoire.
Survient le drame : un des fils, promis à une carrière de pilote de
chasse dans l’armée, se tue dans un accident de voiture en rejoignant la
maison familiale. Après la sidération des premières heures, la douleur
submerge tout. Raconté par le menu, jour après jour, année après année,
le deuil, ou plutôt la façon de s’en accommoder, nous est restitué avec
pudeur et émotion par la soeur, la narratrice.
Chacun réagit comme
il peut : la mère, dévastée, le père, muet, le frère et la sœur
taraudés par cette question, pourquoi lui et pas nous ? Face à la
révolte et à l’impuissance de ceux qui restent, la narratrice oppose un
récit tremblant, mais qui, peu à peu, s’apaise et va vers la
consolation. Le temps, implacable, fait son travail et rend la douleur
moins vive, sans l’effacer, bien sûr, peut-on jamais se remettre de la
mort d’un enfant, d’un frère ? Le temps passe et œuvre à cette vie qui,
vaille que vaille, continue, avec la naissance des petits-enfants, pour
lesquels le disparu devient un nom, une photo, quelques mots.
Frédéric avait dix-huit ans, l'âge de réaliser ses rêves. Tout s'est
arrêté le 29 septembre 1989, à minuit, sur une autoroute, dans le fracas
et la tôle broyée.
Il m'aura fallu vingt-trois ans pour écrire ce
livre. C'est un livre sur le temps, le temps du deuil, le temps qui mène
du cri à la douleur brûlante, de la douleur à la peine, de la peine à
la consolation, même incomplète, même fragile. La consolation, qui nous
remet du côté de la vie.
Nathalie Aumont
Le début
1972. J'avais six ans. C'était l'été, les vacances en Dordogne, des
vacances à la Pagnol où notre famille partait en transhumance pour le
Périgord, à Domme, village natal de mon père. Nous logions tous chez ma
grand-mère, dans une rue au nom improbable sous ces latitudes : rue du
Léopard. Les toilettes au fond du jardin, la toilette dans l'évier, les
couchages serrés dans la petite maison à deux chambres. Frédéric était
né en mars. Jean-Christophe avait deux ans.
Mon petit mot
Un livre court, lu d'une traite, bouleversant.
Une famille endeuillée par la mort accidentelle d'un jeune homme, qui portait tant d'espoirs, tant d'avenir. Quand tout bascule en un instant du bonheur au cauchemar.
La voix de la sœur ainée raconte les voies de deuil de chacun. A quoi se raccrocher quand on fait le choix de continuer à vivre? Religion , paranormal, travail, prolonger la "vie" du disparu en reprenant à son compte sa passion.
L'auteure va a l'essentiel, au cœur de l'émotion, et s’interroge sur les rapports au sein de la fratrie , le disparu "fils prodigue, le soleil", la sœur qui a l'impression d'avoir moins de valeur, d'être moins aimée, le frère, cette souffrance dont on parle peut-être moins que de celles des parents. Des frères et soeurs qui doivent retrouver une place, faire leur propre deuil tout en tentant d'aider leurs parents à continuer à vivre.
Cette place pour le chagrin de chacun, ces révoltes, pourquoi lui, pourquoi pas moi, la question de l'amour que peuvent encore porter les parents déchirés aux enfants survivants. Comment aider son père dans la voie de cette fameuse consolation?
Chacun de nous est hélas confronté de manière plus ou moins proche à ce genre de questions, chacun trouvera dans ce roman un personnage, une petite phrase qui le touchera plus que les autres.
N'oublions pas les survivants, n'oublions pas les autres enfants. N'oublions pas de leur dire qu'on les aime.
Une première lecture pour moi pour cette rentrée littéraire 2013 grâce à l'opération la Voie des indés sur Libfly
un grand merci pour cette organisation et aux éditions
Arléa pour m'avoir permis de découvrir ce livre.
Une lecture qui entre en compte pour le challenge rentrée littéraire 2013
et le challenge premier roman