Tous les salauds ne sont pas de Vienne d' Andrea Molesini
Calmann-Lévy (3 janvier 2013)
traduit de l'italien par Dominique Vittoz
Présentation de l'éditeur
Novembre 1917. L’armée italienne recule face à l’offensive
autrichienne. À un jet de pierres du Piave, non loin de Venise, le
domaine des Spada est réquisitionné par l’ennemi. Les vaincus ne
discutent pas, nous sommes entre gens de bonne compagnie. Mais le viol
de jeunes villageoises suscitera chez tous les membres de la Villa Spada
un sursaut patriotique : Paolo, dix-sept ans, le narrateur de cette
histoire ; le grand-père original et désabusé qui s’exprime par
aphorismes et son épouse, grande dame qui oppose le mur de son mépris à
l’occupant ; Teresa, la fidèle cuisinière, et sa fille, la jolie et
simplette Loretta ; le gardien du domaine, l’énigmatique Renato ; la
tante Maria, belle femme émancipée ; et enfi n la flamboyante Giulia,
dont la beauté provocante fascine le jeune Paolo.
Au fil de la
chronique de cette occupation, avec son lot de vexations, d’outrages et
de compromissions, se dessine un formidable portrait de famille,
annonçant l’avènement d’un des plus grands écrivains italiens
contemporains..
Andrea Molesini est professeur de littérature comparée à l’université de
Padoue. Il est l’auteur de livres pour enfants mais aussi de cinq
recueils de poésie et a traduit les oeuvres de Derek Walcott et d’Ezra
Pound. Tous les salauds ne sont pas de Vienne, son premier roman
en cours de traduction dans le monde entier, a notamment remporté le
Premio Campiello 2011, le plus prestigieux des prix littéraires italiens.
Cette histoire s'inspire du Diario dell'Invasione 1917 - 1918 de Maria Spada
Le début:
Vendredi 9 novembre 1917
Il émergea de la nuit. Mais de la nuit, rien pendant quelques instants ne le distingua. Puis un scintillement, reflet de la lanterne que la femme tenait devant les naseaux du cheval, révéla un monocle. L'homme s'adressa à elle dans un italien parfait, à peine altéré par une inflexion métallique qui trahissait sa langue maternelle, l'allemand.Quelque chose de splendide et de farouche animait ce visage vernissé par la lumière dansante, comme si les étoiles et la poussière s'y étaient donné rendez-vous.
l'illustration de la couverture dans la version italienne
Mon avis
De belles pages sur ce pan de l'histoire de l'Italie qui n'est pas celui que je connais le mieux, le nord-est du pays, les armées allemandes, autrichiennes, italiennes, l'offensive du Piave de juin 1918, l'aviation anglaise, la vie à quelques kilomètres de la ligne de front, mais surtout, la "petite" histoire dans la grande, celle d'un village, celle d'une famille, la villa réquisitionnée, les privations, le manque de nourriture, puis le plus terrible, les viols qui déclenchent la résistance. En face des occupants, les portraits d'une famille italienne, où chacun va se mettre à résister à sa manière, qui en soignant les soldats, qui en communiquant avec l'ennemi, qui en se lançant dans la résistance active.
Inspirée d'une histoire vraie, l'auteur a romancé le destin de certains personnages, mais les lieux et les événements sont tout ce qu'il y a de plus historiques
La guerre, la résistance, mais qui ne fait pas oublier la vie. L'amour. Patriotisme et romantisme. Sentiments individuels parfois en lutte avec l'intérêt collectif. C'est aussi la peinture d'un monde en train de changer, la grande bourgeoisie du XIX, le monde des chevaux, en train de céder sa place au monde du XXème.
PS: Si comme moi vous n'êtes pas spécialistes de cette région, un œil sur une carte peut aider pour comprendre cette ligne de front. Aujourd’hui, le cimetière militaire du Monte Grappa est l'un des principaux ossuaires militaires de la Première Guerre mondiale, ainsi qu'un musée de la Grande Guerre.