Célimène Le Misanthrope Mlle Mars et autres actices et costumes...

Après : Le Misanthrope Molière / Alceste à bicyclette 
revenons à la rubrique rôle féminin au théâtre et costume de scène avec le personnage de Célimène, l'aimée du Misanthrope de Molière et de quelques grandes actrices qui ont joué ce rôle.


Célimène, du côté de la société des apparences, du paraître, du plaisir, montre aussi qu'elle maîtrise l'art du langage et de la joute verbale.

La comédienne Mlle Mars dans le rôle de Célimène :
Le misanthrope, Molière : costume de Mademoiselle Mars (Célimène) 1812

Jeune veuve, belle, libre, coquette, cruelle parfois en parole, elle représente ce ce monde du paraître qu'Alceste déteste...et pourtant, c'est bien d'elle dont il tombe fou amoureux, avant finalement de se retirer du monde...
 
Costume de Mademoiselle Mars (Célimène) / gravé par Maleuvre

En version timbre en 1953

Ainsi Philinte la dépeint à Alceste (acte I, scène 1) :
" |...| Célimène |...|
De qui l’humeur coquette, et l’esprit médisant,
Semblent si fort donner dans les mœurs d’à présent."
Cecile Sorel (1873-1966) Célimène  'Le Misanthrope'  Molière

 A voir et à entendre, cette scène 4 de l'acte 3 et la célèbre tirade où elle dresse un portrait vengeur d'Arsinoé :

Célimène : Béatrice Agenin ; Arsinoé : Bérengère Dautun
Mise en scène : Pierre Dux (1977) - Réalisation : Jean-Paul Carrère
Décor et costumes : Jacques Marillier
La Comédie Française

Dans le film Molière,
Ludivine Sagnier Célimène


CÉLIMÈNE

Madame, j'ai beaucoup de grâces à vous rendre:
Un tel avis m'oblige, et loin de le mal prendre,
J'en prétends reconnaître, à l'instant, la faveur,
Par un avis aussi qui touche votre honneur;
Et comme je vous vois vous montrer mon amie
En m'apprenant les bruits que de moi l'on publie,
Je veux suivre, à mon tour, un exemple si doux,
En vous avertissant de ce qu'on dit de vous.
En un lieu, l'autre jour, où je faisais visite,
Je trouvai quelques gens d'un très rare mérite,
Qui, parlant des vrais soins d'une âme qui vit bien,
Firent tomber sur vous, Madame, l'entretien.
Là, votre pruderie et vos éclats de zèle
Ne furent pas cités comme un fort bon modèle:
Cette affectation d'un grave extérieur,
Vos discours éternels de sagesse et d'honneur,
Vos mines et vos cris aux ombres d'indécence
Que d'un mot ambigu peut avoir l'innocence,
Cette hauteur d'estime où vous êtes de vous,
Et ces yeux de pitié que vous jetez sur tous,
Vos fréquentes leçons, et vos aigres censures
Sur des choses qui sont innocentes et pures,
Tout cela, si je puis vous parler franchement,
Madame, fut blâmé d'un commun sentiment.
À quoi bon, disaient-ils, cette mine modeste,
Et ce sage dehors que dément tout le reste?
Elle est à bien prier exacte au dernier point;
Mais elle bat ses gens, et ne les paye point.
Dans tous les lieux dévots elle étale un grand zèle;
Mais elle met du blanc et veut paraître belle.
Elle fait des tableaux couvrir les nudités;
Mais elle a de l'amour pour les réalités.
Pour moi, contre chacun je pris votre défense,
Et leur assurai fort que c'était médisance;
Mais tous les sentiments combattirent le mien;
Et leur conclusion fut que vous feriez bien
De prendre moins de soin des actions des autres,
Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres;
Qu'on doit se regarder soi-même un fort long temps,
Avant que de songer à condamner les gens;
Qu'il faut mettre le poids d'une vie exemplaire
Dans les corrections qu'aux autres on veut faire;
Et qu'encor vaut-il mieux s'en remettre, au besoin,
À ceux à qui le Ciel en a commis le soin.
Madame, je vous crois aussi trop raisonnable,
Pour ne pas prendre bien cet avis profitable,
Et pour l'attribuer qu'aux mouvements secrets
D'un zèle qui m'attache à tous vos intérêts.

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