Les heures souterraines de Delphine de Vigan Editeur : JC Lattès
Présentation de l'éditeur
Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER
D jusqu'au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes
gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte
dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure,
dans une entreprise où on ne l'attend plus. Car depuis quelques mois,
sans que rien n'ait été dit, sans raison objective,
Mathilde n'a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les
heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu'elle cache à ses amis, à
sa famille, ces heures dont elle a honte.
Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque
jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui
indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est
coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une
place. Ici ou là, chaque jour, des gens l'attendent qui parfois ne
verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les
petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et
l'immense solitude qu'elle abrite.
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux
silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se
rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de
mai. Autour d'eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s'arrête.
Autour d'eux s'agite un monde privé de douceur.
Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au
coeur d'une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l'on risque
de se perdre sans aucun bruit.
Le début Les heures souterraines
La voix traverse le sommeil, oscille à la surface. La femme caresse les
cartes retournées sur la table, elle répète plusieurs fois, sur ce ton
de certitude : le 20 mai, votre vie va changer.
Mathilde ne sait pas si elle est encore dans le rêve ou déjà dans la
journée qui commence, elle jette un œil à la pendule du radio-réveil, il
est quatre heures du matin.
Elle a rêvé. Elle a rêvé de cette femme qu’elle a vue il y a quelques
semaines, une voyante, ou, voilà, sans châle ni boule de cristal, mais
une voyante quand même. Elle a traversé tout Paris en métro, s’est
assise derrière les rideaux épais, au rez-de-chaussée d’un immeuble du
seizième arrondissement, elle lui a donné cent cinquante euros pour
qu’elle lise dans sa main, et dans les nombres qui l’entourent, elle y
est allée parce qu’il n’y avait rien d’autre, pas un filet de lumière
vers lequel tendre, pas un verbe à conjuguer, pas de perspective d’un
après. Elle y est allée parce qu’il faut bien s’accrocher à quelque
chose.
Mon avis: comment dire cela sans que cela semble négatif? Un
roman à la base qui correspond à tout ce que je n'aime pas : j'aime lire
pour m'évader du quotidien, j'aime les histoires qui
finissent bien... Autant le dire tout de suite, ici, on est en plein
dans la vraie vie. Sa violence, harcèlement moral d'un côté, solitude,
misère, des destins tragiques et la violence des rituels quotidiens... et pourtant, une fois
commencé impossible de reposer le livre avant la dernière ligne tard
dans la nuit... La sobriété de l'écriture, la justesse
des vies décrites... C'est le troisième livre de Delphine de Vigan lu et j'aime vraiment beaucoup!