Bohèmes au Grand Palais

deuxième exposition du week-end à Paris, après L’impressionnisme et la Mode au musée d'Orsay, on reste un peu dans la même ambiance de l'autre côté de la Seine, avec Bohèmes au grand palais et l'on retrouve Robert Carsen comme scénographe pour une exposition qui m'a vraiment séduite! 
http://www.grandpalais.fr/grandformat/exposition/bohemes/


Présentation : Chantée, filmée, versifiée, exaltée, cent fois déclarée morte et toujours renaissante, la « Bohème » fait partie des mythes modernes.


À travers plus de 200 œuvres, de Turner à Corot, de Courbet à Manet, de Van Gogh à Matisse, cette exposition révèle au grand public tout un pan de notre culture jusqu’ici occulté. Elle met en lumière la profonde transformation du statut de l’artiste dès le milieu du XIXe siècle ainsi que l’apport fondamental des peuples nomades à la construction de l’identité européenne.


Scénographie par Robert Carsen
Commissaire Sylvain Amic, directeur du musée des Beaux-Arts de Rouen
Exposition Bohèmes présentée au Grand Palais du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013


Bohèmes, l'exposition par Rmn-Grand_Palais

"Depuis leur apparition en Occident, les Bohémiens exercent sur les artistes une intense fascination", souligne Sylvain Amic, commissaire de "Bohèmes" au Grand Palais. "Le mystère de leurs origines, leur langage longtemps incompréhensible, leur rapport intime à la nature, leur prétention à dire l'avenir", comme leurs "apparitions et disparitions soudaines", en font de permanents objets de fantasme et alimentent l'idéal d'une vie "sans attaches, sans règles, intense et sensuelle". L'exposition du Grand Palais s'attache à tenir ensemble ces deux bouts de l'histoire : d'un côté, la présence permanente et ambiguë des gitans dans la peinture européenne depuis la Renaissance ; de l'autre, la "vie de bohème", avec ses postures outrées et ses détresses véritables. L'exposition bénéficie de prêts exceptionnels (La Diseuse de bonne aventure, Georges de la Tour, Metropolitan Museum New York,  
Georges de La Tour (1593-1652) La Diseuse de bonne aventure, vers 1630

L’Absinthe, Edgar Degas, Musée d’Orsay, Paris, Coin à Montmartre, Vincent van Gogh, van Gogh Museum, Amsterdam, La Gitane, Van Dongen, MNAM, Paris)

Entre 1400 et 1550, diverses chroniques attestent de l'arrivée de tsiganes (Zingari ou Aegyptos) en Europe.
Ces populations chrétiennes orthodoxes fuient les régions de l'est de la Méditerranée devenues instables avec le recul de l'autorité byzantine et la progression du pouvoir ottoman.
Des familles se sédentarisent particulièrement en Italie et Espagne où les villes les autorisent à exercer leur profession,surtout les artisans du métal (maréchal-ferrant, armurier...). D'autres se spécialisent dans le dressage et les soins aux animaux (chevaux, ours, singes) et louent leurs services de château en château. Des musiciens, jongleurs et acrobates les rejoignent. Ces compagnies de spectacles attirent autant qu'elles suscitent la méfiance des sédentaires et des garants des bonnes moeurs ; les artistes, fascinés, créent l'imagerie des bohémiens, et particulièrement celle de l'Egyptienne, belle et séductrice.
La petite Bohèmienne, Boccaccio Boccaccino, l’Ancien, Florence, Galleria degli Uffizi

En 1842, le journal satirique Le Charivari parle de « Bohème littéraire ». À partir de 1845 Henri Murger romance dans le Corsaire Satan le vécu de ces journalistes, poètes, artistes ; Honoré Daumier, André Devambez ou Gustave Doré le dessinent ; feuilletons et caricatures racontent un quotidien passant de la déception à l'espoir et oscillant entre amertume et ironie. Au milieu du siècle, la Bohème est devenue synonyme d'une jeunesse anticonformiste assumant d'être rejetée.
« Ce mot de Bohème vous dit tout. La Bohème n’a rien et vit de tout ce qu’elle a. L’espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune mais au-dessus du destin. » (Honoré de Balzac, Un Prince de la bohème, 1844).
« La Bohème, c’est le stage de la vie artistique ; c’est la préface de l’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la Morgue ». (Henri Murger, Scènes de la vie de bohème, 1851).

Paul Cézanne (1839-1906)
Le Poêle dans l’atelier
 Mon avis : 
J'ai beaucoup aimé la scénographie de cette exposition, l'ambiance créée autour des œuvres.On chemine sur les traces de ces "bohémiens", d'un univers à l'autre, de Léonard de Vinci à Renoir, jusqu'à 1937, et l’exposition de l’art dégénéré à Munich où Tsiganes et artistes se voient rejetés dans un même opprobre. On pense aussi, aux Roms d'aujourd'hui... Des atmosphères très différentes sont crées, de nombreux thèmes abordés, des liens entre la Vierge Marie et la représentation de la bohémienne, aux caricatures du XIX, beaucoup, beaucoup de choses à voir, à lire et à entendre!


 Parmi mes coups de coeur, une salle est consacrée à la  vision littéraire et musicale, des Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger et de leur adaptation par Giacomo Puccini avec des aquarelles originales d’Adolf Hohenstein représentant les décors et les costumes de la première mondiale de l’opéra de Puccini au Teatro Regio de Turin,
Adolf Hohenstein (1854-1928)
La Bohème : La mansarde, actes I et IV, 1896
et une partition originale de La Bohème, de la main de Puccini (ah, la tête de mort face à la mort de Mimi... !)
manuscrit de la Bohême Giacomo Puccini Archivio storico Ricordi - Milano


Une exposition qui donne envie de relire ou d'écouter certaines oeuvres!

On en sort avec des airs plein la tête, et avec de belles images, un véritable coup de coeur pour moi!
Bref, une expo que je vous conseille!

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