Présentation Des étoiles plein les poches
Ce livre retrace le parcours de
Simon Eine, depuis ses débuts dans le milieu du théâtre français,
jusqu'à son entrée au sein de la Comédie Française. Ni une réflexion sur
le théâtre, ni un recueil de souvenirs, "Des étoiles pleins les poches"
s'attache surtout à l'itinéraire singulier d'une personnalité hors
norme et livre une vision particulièrement humaine et passionnée de
l'univers théâtral.
Entré à la Comédie-Française comme pensionnaire en 1960, sociétaire en 1972, sous le numéro 449, Simon Eine est Sociétaire
honoraire depuis 2004. Il y a joué dans plus d'une centaine de pièces et
fait plus d'une dizaine de mises en scène.
Riveneuve éditions (28 juin 2012)
Le début - citations:
Il y a une bonne dizaine d'années que j'ai commencé à écrire des notes sur mon travail de comédien. Ce texte n'est pas un livre de souvenirs, c'est plutôt une manière de retracer mon parcours dans une grande troupe, celle de la Comédie-Française. Un parcours d'artisan, plus que d'artiste. J'ai passé 44 ans dans cette Maison. J'y ai joué de très grands rôles et aussi des rôles mineurs ainsi qu'il convient à un acteur de l'autre.
Page 49: J'ai le sentiment aujourd'hui d'avoir mis des années à devenir moi-même, et je crois au fond, que je n'y suis pas encore tout à fait parvenu. Peut-être que c'est cela , au fond, être acteur. Avoir encore de la place en soi, pour autre chose, pour quelqu'un d'autre. Une faille dans le contour de l'être, une fissure par laquelle, les mots d'un poète, les situations, qui dans notre vie courante, seraient totalement hors de notre portée, peuvent se glisser et permettre que cette osmose si particulière, cette fusion, deviennent possibles.
Mon avis : un livre, deux lectures.
D'abord, il y a l'histoire d'un homme, et l'Histoire avec un grand H, qui rejoint l'histoire personnelle : une famille juive, d'origine polonaise, installée ensuite en Allemagne avant l'arrivée en France. Et puis la guerre 1939/45. L'arrestation et la déportation du frère et de la mère de Simon Eine. Sa mère ne reviendra pas des camps. Lui-même se rendra bien des années plus tard à Auschwitz, à l'occasion d'une tournée en Pologne.
L'histoire de son enfance ensuite, son père, les premiers jeux, les Trois Mousquetaires, les premières mises en scène avec les copains, les difficultés à l'école, jusqu'au jour où, pour ne pas être renvoyé, il accepte la charge de responsable de la bibliothèque de l'école. Les livres...
L'importance de la langue. Son père , parlant mal le français. Les petits boulots. Un destin qui ne semble pas du tout le destiner au théâtre. Et puis une rencontre, une femme, et le théâtre, presque par hasard. Les premiers cours suivis, les premières scènes travaillées, les concours...
J'ai beaucoup aimé toute cette première partie du livre, jusqu'à l'arrivée à la Comédie-française en 1960.
Quel parcours!
Son discours lorsqu'il reçut le ruban de chevalier de la Légion d'Honneur résume bien l'essentiel.
Extraits "Merci donc à ce théâtre à qui je dois...presque tout. Oui, presque tout, parce qu'il y a quelqu'un d'autre à qui je pense ce soir et qui doit bien rigoler en me voyant recevoir cette médaille, c'est mon père [...] Le passeport de mon père portait la mention "réfugié apatride d'origine indéterminée provenant d’Allemagne". Il avait fui la Pologne pour gagner l'Allemagne [..;] je pense d'autant plus à lui en recevant cette décoration, qu'il fit à trois reprises les démarches nécessaires pour obtenir la Nationalité Française et qu'à chaque fois, il se la vit refuser [...]et je souhaite que la France reste toujours ce pays où un fils de réfugié apatride puisse recevoir une telle distinction".
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Simon Eine |
Et puis ensuite, il y a la deuxième lecture du livre. Les coulisses, du théâtre en général, et de la Comédie-française en particulier, de récit de répétitions, d'analyses de mise en scène (j'avoue, pour certains passages, il m'a manqué une bonne connaissance du texte des pièces citées pour mieux apprécier les analyses, je les relirai en regard de ces pièces à l'occasion).
Les rapports metteurs en scène - comédiens, les rouages de la Comédie française, entre administrateur, sociétaire, pensionnaire (après avoir lu des biographies d'actrices du XIX évoquant leur passage dans cette maison, on voit que certaines choses ont changé, d'autres pas...), les clivages entre les uns et les autres (entre l'ascenseur et les toilettes réservés aux uns, la différence de confort des chambres d'hôtel en tournée)...
Ce sont aussi des souvenirs et des réflexions autour du choix du répertoire, les costumes parfois surprenants, le personnel technique, la conception des décors, le rapport à la presse, aux critiques, les tournées... c'est tout le monde du théâtre et de la réalisation d'un spectacle qui nous est décrit, avec ses joies et ses déboires.
On croise au passage bon nombre d'actrices et acteurs connus, de Béatrice Agenin à Robert Hirsch, de Michel Aumont à Francis Huster, qui parfois nous apparaissent alors sous un jour nouveau.
La comédie française
www.comedie-francaise.fr Société
des comédiens-français ou du Théâtre-Français, née de la fusion, en
1680, de la troupe de l'Hôtel de Bourgogne et des comédiens de Molière,
ordonnée par Louis XIV pour faire face aux comédiens-italiens, la
Comédie-Française, est l'un des plus
vieux théâtres du monde.
Avant de s'installer (en
1799) au Palais-Royal, dans l'actuelle salle Richelieu, elle a occupé
successivement le jeu de paume de l'Étoile (1689-1770), la salle des
Machines aux Tuileries (1770-1782) et l'hôtel de Condé, aujourd'hui
l'Odéon-Théâtre de l'Europe, qui devait devenir son annexe de 1946 à
1959 sous le nom de salle Luxembourg.
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La comédie française |
L'administrateur
général a sous son autorité quelque 280 personnes, 60 comédiens
(30 sociétaires, 30 pensionnaires) et 220 membres du personnel technique
(chefs de service, employés, artisans, ouvriers du plateau). Il préside
le comité d'administration, composé de six sociétaires plus deux
suppléants, et le comité de lecture, qui comprend les six titulaires du
comité d'administration et quatre personnalités nommées par le ministre
d'État chargé des Affaires culturelles.
Un acteur qui
entre dans la Maison signe un contrat de pensionnaire pour un an,
renouvelable. Il peut, dans la suite, devenir sociétaire. Il faut pour
cela, d'abord, qu'il soit proposé par le comité d'administration, puis
élu par l'assemblée générale des sociétaires, enfin que son élection
soit ratifiée par le ministre des Affaires culturelles. Il
participe à la gestion de la Maison, et touche en fin d'année une part
des bénéfices.
Ces bénéfices
sont divisés en vingt-quatre parts et répartis entre les sociétaires, au
prorata du nombre de douzièmes de part accordés à chacun par le comité.
La Comédie-Française reçoit une subvention de l'État.
Un sociétaire ayant vingt ans d'ancienneté à la Comédie-Française peut
être nommé sociétaire honoraire. Cette qualité symbolise la
reconnaissance de la Comédie-Française pour sa carrière artistique et
lui permet de jouer occasionnellement dans la troupe.
Bref, les amateurs de théâtre et d'histoire y trouveront leur compte!
Un livre lu grâce au partenariat Masse Critique de Babelio, merci à eux et aux
éditions Riveneuve
pour cette belle découverte!
Lu dans le cadre des challenges rentrés littéraires 2012