Théâtre Tours Tempête sous un crâne, cdrt, septembre 2011

Rentrée théâtrale!
Première pièce de l'année :
 
Tempête sous un crâne d’après Les Misérables de Victor Hugo 
La présentation du théâtre :
CDRT, Tours du mardi 27 au vendredi 30 septembre
Mise en scène Jean Bellorini  
Création musicale Céline Ottria  Scénographie Vincent Lefèvre  Régie Générale Adrien Wernert  
 Production  Compagnie Air de Lune en partenariat avec le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et le Conseil Général de Seine-Saint-Denis  Avec le soutien d’ARCADI, de la Mairie de Paris, de l’ADAMI et du Bureau formART
  Avec
Mathieu Coblentz
Karyll Elgrichi
Camille de la Guillonnière
Clara Mayer
Céline Ottria
Geoffroy Rondeau
Hugo Sablic
 
Spectacle en 2 époques, durée  1ère époque 1h30, durée  2ème époque 2h
Première époque
L’histoire : autour de Jean Valjean…
L’histoire de Jean Valjean depuis sa sortie du bagne,en 1815, jusqu’au procès du père Champmathieu.
L’histoire de Fantine depuis sa jeunesse jusqu’à sa mort dans les bras de M. Madeleine (Jean Valjean).
L’histoire de Cosette depuis sa naissance jusqu’au départ de chez les Thénardier quand Jean Valjean vient la chercher.
L’histoire des Thénardier à Montfermeil.

Deuxième époque
L’histoire de Javert qui poursuivra Jean Valjean toute sa vie, jusqu’à le chercher dans les étoiles, puis au fond de la Seine.
L’histoire de Jean Valjean devenu Monsieur Leblanc.
L’histoire d’amour de Marius et de Cosette.
Le drame d’Eponine qui donnera sa vie pour Marius. L’histoire des Thénardier devenus les Jondrette.
L’histoire de Gavroche. Et l’histoire de tous les amis de l’ABC jusqu’aux montées des barricades.
L’abaissé c’est le peuple. (Enjoleras, Feuilly, Courfeyrac, Combeferre, Jean Prouvaire et beaucoup d’autres).

Ils s’écoutent, se coupent la parole ou se mettent à scander ensemble l’histoire desMisérables comme on pourrait se mettre à chanter une chanson.
Ils s’obsèdent autant par l’action du récit que par la poésie de la langue. Raconter tous les personnages de l’oeuvre, les faire vivre dans un même corps pour dire la complexité de l’homme.
La frontière entre la narration et l’incarnation est invisible. On assiste à une tranche de vie de ces « petites gens » tout en glissant progressivement vers l’histoire.
Ici pas de réécriture du texte de Victor Hugo, mais une fidélité à l’auteur. L’adaptation fait entendre le fil narratif de l’histoire tout autant que la profusion lyrique de certains moments de descriptions, de logorrhées. C’est dans cet esprit que la musicalité du texte et sa rythmique ont jailli. Certains passages sont mis en musique à la manière de chansons, d’autres flirtent avec le « slam » ou le « rap ».
Deux musiciens (piano, accordéon, basse, percussions, guitare électrique), témoins de ces personnages venus d’ailleurs deviennent parfois figures de ce qui est raconté.
 
 
Mon avis : une belle rentrée théâtrale !
Trois heures et demie d’un théâtre qui met les mots à l'honneur, la langue de Victor Hugo mise en valeur d'une belle façon, par des comédiens-conteurs-musiciens, un mélange de narration, d'incarnation des personnages (la mort d'Eponine, très touchante), une première partie portée par deux jeunes comédiens-chanteurs qui passe comme un éclair, dans le charme des mots, l'histoire des Misérables dite, contée, jouée, chantée, scandée, murmurée, criée... , en solo ou en choeur (et quel ensemble en 2ème partie lorsque c'est à 5 ou 7 que les mots sont dits et prennent ainsi densité et relief), une deuxième partie où les images se font toutes seules,chaque comédien joue-raconte plusieurs personnages. Il n'est besoin de n'ajouter aucun effet à ce texte si fort, juste le mettre en relief, faire ressortir cette langue d'Hugo, le rythme du texte. Les mots semblent avoir été écrits pour être dits. Le chant avant la barricade (oh douleur, oh misère), l'incarnation de Gavroche, la fameuse mort d'Eponine donc, celle de Javert, autant de moments forts. il y a des rires aussi, et des moments où l'on rit jaune tant le texte est criant d'actualité. Des extraits des « Orientales », des « Contemplations » ou encore des « Châtiments » sont mis en chansons et apportent des "respirations" à la narration.
Et puis il y a ce lien avec la salle, renforcé par l'aspect "conteur", entre l'annonce d'accueil (tél portable) qui se poursuit par la narration du début de la deuxième partie, des clins d'oeil aux réactions des spectateurs-lecteurs... le public était aussi intégré dans ce tourbillon.
Bref, moi qui suis chaque jour une liseuse d'histoires à mes élèves, m'en faire raconter une ainsi, c'est drôlement bien, bravo à ces raconteurs d’histoires de talent! 

A retrouver en dvd :



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