Une maison de poupée Compagnie La Brèche WET theatre Olympia

Librement adapté de la pièce d'Henrik Ibsen
Adaptation, conception et mise en scène : Lorraine de Sagazan
Avec Lucrèce Carmignac, Romain Cottard, Jeanne Favre, Antonin Meyer Esquerré, Benjamin Tholozan
Lumières : Claire Gondrexon
Scénographie, costumes et construction décors : Anne-Sophie Grac et Charles Chauvet
Régie générale : Thibault Marfisi

Libérée, délivrée ? 
C'est quoi ?
La poupée n’est pas toujours celle qu’on croit… Dans une réécriture stridente du classique d’Ibsen, un homme reste sagement au foyer tandis que sa femme court après son épanouissement professionnel et part conquérir le monde. La violence des rapports de domination dans le couple moderne éclate d’autant plus fort.
C'est qui ?
Après avoir rencontré la plupart de ses collaborateurs à l’école du Studio Théâtre d’Asnières, Lorraine de Sagazan fonde la compagnie La Brèche. Elle interroge la place du spectateur et la nécessité de raconter les êtres humains de notre époque, avec leurs difficultés à exister et vivre ensemble.

Torvald - J’aurais tout supporté pour toi, soucis et privations, mais il n’y a personne qui offre son honneur pour l’être qu’il aime.
Nora - Des milliers de femmes l’ont fait.
 la breche lorraine de sagazan
 Mon petit mot

Quelle bonne idée que cette nouvelle adaptation du texte!
Ici c'est Nora qui travaille, et son mari qui reste à la maison... un schéma de couple qui n'est pas si simple... l'homme entretenu vit-il la situation si bien qu'il le laisse tout d'abord entendre? Et Nora est-elle si épanouie que cela?

L'heure est à la fête aux premiers instants du spectacle, de petites interactions avec le public, des rires... et bientôt c'est le ventre qui se noue quand le verni craque.

De nombreuses répliques font mouche, de la condition des femmes d'hier à celle d'aujourd'hui, il y a encore beaucoup à faire entendre... du côté du monde du travail aussi, comme du regard des autres, de la lutte contre les préjugés, ou du rapport à l'argent, rien que du très actuel.

On ne s'éloigne jamais beaucoup d'Ibsen, on le retrouve d'ailleurs à la fin, quand les pensées des personnages sont projetées sur un écran et que l'on revient à ses répliques.  J'envisageais presque une autre fin, à nous finalement d'y réfléchir selon ce que l'on est prêt à admettre.

Après "Démons" Lorraine de Sagazan confirme qu'elle est un nom à suivre avec attention, tout comme la belle distribution qui sert cet texte !

Extraits du dossier du spectacle, avec certains textes qui sont utilisés dans la pièce... à méditer.

« Parce que l’idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir,pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maisonmais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand chose,de toute façon je ne l’ai jamais croisée nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas. » Virginie Despentes / King Kong Théorie

"Vraiment , si la femme n’avait d’existence que dans les œuvres littéraires masculines, on l’imaginerait comme une créature de la plus haute importance, diverse, héroïque et médiocre, magnifique et vile, infiniment belle et hideuse à l’extrême, avec autant de grandeur qu’un homme, davantage même de l’avis de quelques-uns. Mais il s’agit là de la femme à travers la fiction. En réalité, comme l’a indiqué le professeur Trevelyan, la femme était enfermée, battue et trainée dans sa chambre. »Virginia Woolf / Une chambre à soi

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