Fils de feu Guy Boley #68premièresfois

Grasset
08/2016
Nés sous les feux de la forge où s’attèle leur père, ils étaient Fils du feu, donc fils de roi, destinés à briller. Mais l’un des deux frères décède précocement et laisse derrière lui des parents endeuillés et un frère orphelin. 
Face à la peine, chacun s’invente sa parade : si le père s’efface dans les vagues de l’ivresse, la mère choisit de faire comme si rien ne s’était passé. Et comment interdire à sa mère de dresser le couvert d’un fantôme rêvé ou de border chaque nuit un lit depuis longtemps vidé ? Pourquoi ne pas plutôt entrer dans cette danse où la gaité renait ? Une fois devenu adulte et peintre confirmé, le narrateur, fils du feu survivant, retrouvera la paix dans les tableaux qu’il crée et raconte à présent. 
Ainsi nous dévoile-t-il son enfance passée dans une France qu’on croirait de légende, où les hommes forgent encore, les grands-mères dépiautent les grenouilles comme les singes les bananes, et les mères en deuil, pour effacer la mort, prétendent que leurs fils perdus continuent d’exister.


Mon petit mot

Les trente glorieuses, le monde ouvrier, un quartier resserré à quelques maisons et quelques personnages marquants, de la voisine ayant perdu son fils à l'ouvrier au corps d'athlète, et surtout :  la forge... le feu... tel est l'écrin et toute la puissance et la beauté de ce premier roman,  à la langue ciselée et martelée, qui nous entraîne dans un tourbillon d'émotions.


Comment cette famille va-t-elle réagir au drame intime qui la frappe, avec la mort d'un jeune enfant?

Père, mère, fils, soeur, quatre deuils si différents, ne pouvant guère se comprendre , alcool, folie, art, fuite... de la violence, de la tendresse, de l'amour... chacun tient debout tant bien que mal,  tandis qu'autour le monde continue sa folle sarabande, que les repères évoluent et que la forge va fermer.

Dès les premières pages, la description de la forge, le rapport à la mythologie,  j'ai été happée par ce roman, l'énergie, la force, les couleurs...  et par son écriture qui m'a charmée.
Poétique, puissante, elle est de celle que l'on n'oublie pas! 

Troisième lecture de cette rentrée littéraire 2016... et troisième coup de coeur dont deux chez le même éditeur après Le dernier des nôtres de Adelaïde de Clermont-Tonnerre
 Un cru qui s'annonce particulièrement remarquable?

ça tombe bien, j'ai encore trois titres repérés chez Grasset :

Petit pays
En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée...

L'enfant qui mesurait le monde
À Kalamaki, île grecque dévastée par la crise, trois personnages vivent l’un près de l’autre, chacun perdu au fond de sa solitude. Le petit Yannis, muré dans son silence, mesure mille choses, compare les chiffres à ceux de la veille et...

Charlotte Delbo
« Je rencontrais une écriture qui crevait la surface protectrice de la vie pour toucher l’âme, le corps qui souffre ce qu’un être humain ne doit pas souffrir. Les mots peuvent dire ce qu’il est à peine...


Un premier roman à découvrir !




68 PREMIERES FOIS EDITION 2016

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