La belle amour humaine de Lyonel Trouillot


Il y a quelques semaines, Charlotte posait une question très tentante:



La réponse ne pouvait être que oui après la formidable aventure des 68 premières fois!

Une belle surprise arrivait alors dans la boite aux lettres, une enveloppe au contenu riche de symboles, de ces liens pas si virtuels que cela qui se sont tissés, et qui font très chaud au coeur ... et au milieu, ce livre, emballé, mystérieux, encore plus tentant...




Première lecture à l'aveugle pour moi, et j'ai adoré l'expérience!

Dès les premières lignes, on sait que l'on est ailleurs... mais où? Des senteurs, des couleurs, la lecture se fait sensorielle, et totalement dépaysante.

L'écriture, toute en poésie, comme un conte que l'on murmurerait à la veillée, et en même temps très dense, ne me dit rien, visiblement, il s'agit d'un auteur que je ne connais pas.

Et je me laisse embarquer, par le dépaysement, par l'intrigue, par les personnages, par cette opposition nord-sud, touristes (il y a des passages savoureux sur ces familles embarquées dans le taxi du narrateur!) -locaux, capitale bruyante-village de pêcheur hors du temps et du monde,   et surtout par la philosophie qui s'en dégage.
Quelles belles lois que celles de ce village de pêcheur!
Quelle belle façon d'envisager la vie et notre passage sur terre...

Je découvre enfin qu'Anse-à-Fôleur est une ville qui existe réellement, au Nord-Ouest d'Haïti, et je prolonge la lecture par une visite virtuelle au fil du web...
Mille merci Charlotte pour ce voyage immobile et cette belle réflexion qu'offre ce livre.
Je suis très touchée par cette aventure que tu nous as proposé, et cette expérience de lecture, magique!




La présentation de l'éditeur et la couverture, découvertes après la lecture:
A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d’Haïti où elle espère retrouver les traces d’un père qu’elle a à peine connu et éclaircir l’énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu’il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l’expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d’un véritable territoire de l’altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l’humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d’Anaïse et de son complice en exactions, le “colonel” – tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie –, cherchent à s’octroyer un monde qui appartient à tous.

Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes sous l’égide de la question : “Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?”, Lyonel Trouillot, au sommet de son art, interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs – au Nord ou au Sud. S’il est vrai qu’on est toujours “l’autre de quelqu’un”, comment et avec qui se lier, comment construire son vivre-ensemble sinon par le geste – plus que jamais indispensable en des temps égarés – d’accueillir, de comprendre ?

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