J’ai toujours su qu’un jour, ce livre, je l’écrirais. Il m’a fallu du
temps. Il m’a fallu écrire d’abord d’autres livres, plus doux, plus
feutrés, inventer des histoires, sans doute tentatives d’approche de
celui-ci. Un jour d’août 2009, parce qu’il ne pouvait plus en être
autrement, j’ai su que j’allais enfin affronter ce autour de quoi
j’avais toujours tourné.
On écrit de très loin. De ce qui ne peut se
dire. Vient un moment où écrire, c’est aller chercher tout ça, qui se
tenait enfoui, secret, pour le libérer enfin, afin de pouvoir continuer à
vivre.
La confusion des peines, c’est le livre d’une fille pour son
père. La fille, la narratrice, prend appui sur le silence qui depuis
dix ans a entouré la condamnation de son père et, dans le même temps, la
mort de sa mère, pour tenter de retracer un cheminement : qui est cet
homme, qu’enfant elle a aimé d’un amour fou, qui lui apparaissait
tellement au dessus des autres, qui un jour s’est brutalement retrouvé
condamné pour corruption, et qu’aujourd’hui elle ne sait plus rejoindre ?
Comment comprendre, accepter, qu’un homme n’est pas un mais multiple,
secret, contradictoire, faillible – humain ? Et, ce cheminement étant
fait, comment sortir du silence qui la lie depuis toujours à ce père, si
proche et si lointain, pour s’arracher à lui et exister enfin ?
N’être
plus la fille, devenir une femme ? La confusion des peines, c’est cette
expérience : celle, miraculeuse, que permet l’écriture : passer d’une
rive à une autre – naître, enfin. » Laurence Tardieu
rentrée littéraire 2011
Mon petit mot
Je continue d'explorer petit à petit les écrits de Laurence Tardieu, et de livre en livre, je retrouve sa plume avec le même bonheur.
Celui-ci est très complémentaire de
que j'avais beaucoup aimé l'année dernière.
Relations pères-filles, construction de la femme dans l'enfance, d'introspection en questionnement, il y a des interrogations universelles sur l'identité, la famille, qui peuvent toucher chacun d'entre nous.
Il y a aussi une bouteille à la mer lancée vers ce père, ces blessures à vif, comme l'est l'écriture, ces fragilités qui ne peuvent qu'émouvoir. Les mots, les livres, contre le silence, oppressant, destructeur... Un livre - résilience?
Et puis il y a des récits de vie, des échos... ou comment passer d'un récit autobiographique, à des réflexions universelles.
Une déclaration d'amour et d'existence bouleversante.
Dans le cadre des challenges
Libellés : littérature