Le Canapé rouge Michèle Lesbre


Le Canapé rouge de Michèle Lesbre
Editeur : Sabine Wespieser
Présentation de l'éditeur
Parce qu’elle était sans nouvelles de Gyl, qu’elle avait naguère aimé, la narratrice est partie sur ses traces. Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, Anne s’interroge sur cet homme qui, plutôt que de renoncer aux utopies auxquelles ils avaient cru, tente de construire sur les bords du Baïkal un nouveau monde idéal.
À la faveur des rencontres dans le train et sur les quais, des paysages qui défilent et aussi de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées, qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu’elle a laissée à Paris. Clémence Barrot doit l’attendre sur son canapé rouge, au fond de l’appartement d’où elle ne sort plus guère. 
Elle brûle sans doute de connaître la suite des aventures d’Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, de Marion du Faouët qui, à la tête de sa troupe de brigands, redistribuait aux miséreux le fruit de ses rapines, et surtout de Milena Jesenská qui avait traversé la Moldau à la nage pour ne pas laisser attendre son amant. Autour du destin de ces femmes libres, courageuses et rebelles, dont Anne lisait la vie à l’ancienne modiste, une belle complicité s’est tissée, faite de confidences et de souvenirs partagés. 
À mesure que se poursuit le voyage, les retrouvailles avec Gyl perdent de leur importance. Arrivée à son village, Anne ne cherchera même pas à le rencontrer…
Dans le miroir que lui tend de son canapé rouge Clémence, l’éternelle amoureuse, elle a trouvé ce qui l’a entraînée si loin : les raisons de continuer, malgré les amours perdues, les révolutions ratées et le temps qui a passé.


Le début
Sur un chemin de terre, un homme roulait une cigarette, debout, près d'un side-car vert, scarabée géant, compagnon de solitude. L'homme et sa machine, ensemble. De loin je reconnaissais tous les gestes, Gyl aussi roulait ses cigarettes. Il retenait la pincée de tabac au creux de la main, l'effritait du bout des doigts, la répartissait dans la pliure de la feuille, enfermait le tout après un léger coup de langue sur le bord du papier gommé. L'odeur de miel et de foin flottait, même si j'étais derrière la vitre du compartiment et l'homme à une dizaine de mètres. J'entendais presque le bruissement du tabac, j'imaginais les doigts agiles, le geste machinal, la tête ailleurs. Moment suspendu, rituel, intime. Il n'avait pas un regard pour le train qui reprenait de la vitesse et je pensais que c'était ça aussi le voyage, me réveiller quelque part en Sibérie, mais où ? Voir un homme se rouler une cigarette, le perdre de vue très vite, me souvenir de lui toujours.
Aujourd'hui encore, il m'arrive de penser à la brève apparition de cet inconnu surpris dans son intimité, à d'autres aussi qui de façon mystérieuse se sont installés dans ma mémoire, comme des témoins silencieux de mes errances.

Mon petit mot
 Un court roman qui oscille entre passé et présent, comme au rythme du train, un voyage en Russie, un voyage dans le passé, une pause ...
Une vieille dame, des amours, et les paysages de la Russie et de la Seine qui se mêlent...
Le temps de tourner la page, sur les amours et combats de jeunesse, sur un certain militantisme, sur l'absence d'un enfant...
Les combats de femmes et amoureuses du passé qui rythment le roman...
La musique, et Anna Prucnal chantant Souliko...

J'étais entrée plus facilement dans l'autre roman de Michèle Lesbre lu (Un lac immense et blanc), 
les références littéraires m'ont ici moins parlé, mais l'auteure donne une nouvelle fois envie de lire d'autres textes en écho au sien, au fil des citations... et vient renforcer mes envies de découverte de la Russie...
Bref, une invitation au voyage, ou tout au moins, à la lecture! 

vues du lac Baïkal



 

Libellés :