A la fin d’un jour ennuyeux, de Massimo CARLOTTO
Titre original : Alla fine di un giorno noioso Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Bibliothèque italienne éditions métailié
Massimo CARLOTTO est né à Padoue en 1956 et vit à Cagliari.
Présentation de l'éditeur
Giorgio Pellegrini, l’antihéros de Arrivederci amore, ancien combattant
des luttes sociales des années 70 devenu impitoyable criminel, possède
désormais tout ce dont il avait rêvé : une épouse qu’il manipule au gré
de ses caprices sadiques et un luxueux restaurant, rendez-vous de tous
ceux qui comptent dans sa cité du Nord-Est italien.Il gère aussi, avec
l’aide de son avocat, le député Brianese, un réseau d’escort-girls pour
les politiciens affairistes qui mettent la région en coupe réglée. Mais
découvrant que
l’avocat l’a grugé, il retrouve ses instincts de voyou brutal pour
tenter d’obtenir réparation. Mal lui en prend : l’avocat le fait placer
sous la domination de la ’ndrangheta, la mafia calabraise. Pour lui
échapper, ses instincts de grand fauve calculateur, même avec l’aide de
trafiquants maltais et d’un malfrat russe, suffiront-ils ? Écriture
sobre, ironie froide, précision documentaire : avec son talent si
singulier, Carlotto réussit une fois encore à nous passionner pour le destin de personnages très peu recommandables
tout en nous plongeant au cœur des trafics politico-mafieux de
l’industrieuse Vénétie, ce monde pourri qui ressemble tant au nôtre.
Le début
À la fin d'un jour ennuyeux, l'avocat Sante Brianese, par ailleurs
député de la République, fit son entrée à la Nena de son pas décidé
habituel. Un instant après apparurent sur le seuil sa secrétaire et son
factotum. Ylenia et Nicola. Beaux, élégants, jeunes, souriants. On les
aurait dits sortis d'une série télévisée américaine.
C'était l'heure de l'apéritif, un va-et-vient continu de gens, de verres
et d'amuse-gueules.
Mon petit mot
Un livre qui n'est pas forcément dans mon style de lectures habituelles mais que j'ai découvert grâce à l'opération Dialogues croisés (encore une fois merci à eux et aux éditeurs qui y participent), et que j'avais choisi parce qu'il y était question de l'Italie.
Alors que la péninsule ne se sort pas de l'imbroglio des dernières élections (pas le pape , mais le Chambre des députés et le Sénat) , ce livre est hélas assez révélateur. Trafics, corruptions, mafia, assassinats, manipulation, écoutes et élections sont au cœur de ce roman noir, la vision de la Vénétie est bien autre que celle habituellement proposée aux touristes, et ce roman ne peut que faire réfléchir.
Mécanismes du pouvoir, de la domination, une œuvre sombre, violente, qui pourrait être un simple roman noir si elle ne trouvait pas autant d'écho dans l'actualité italienne.Quand on parle de prothèses médicales défectueuses "mais à bon prix, qu’il serait un jour nécessaire de remplacer mais deux interventions chirurgicales coûtent plus cher qu’une seule, des études truquées pour construire deux tronçons d’autoroute absolument inutiles" , de rejets industriels en mer et autres pots de vins... cela laisse songeur!
Ici le héros est un criminel particulièrement détestable, que ce soit dans sa "vie privée", la façon dont il se comporte avec sa femme, avec l'amie de celle-ci, ou dans ses "affaires" (âmes sensibles s'abstenir!) et pourtant lorsqu'il tombe sur d'autres mafieux tout aussi peu sympathiques, l'on se demande comment il va bien pouvoir s'en sortir. Je pense d'ailleurs que je lirai un de ces jours le premier roman de cette série : Arrivederci amore.
L'imbrication des différentes strates de cette société où aucune lueur d'espoir ne semble briller, les magouilles en tout genre sont particulièrement bien démontées, et ne laissent pas très optimistes quand à l'avenir proche de la région et du pays. Court, dérangeant, mais pas ennuyeux!
Allez, pour revenir à une note plus optimiste, une photo de mon séjour à Venise:
Venise
Un livre lu dans le cadre de l'opération Dialogues croisées, et qui entre dans le cadre de deux challenges pour l'auteur italien et l'ancrage en Vénétie, mais aussi dans les polars.