Le début
La fin d'une rivière. Ça commence mal. La scène se déroule à l'est de Paris, à Chinagora, un centre commercial abandonné, imitation de la Cité interdite avec
toits recourbés et chinoiseries habituelles, lions ailés, phénix aux yeux globuleux.
Mon petit mot:
La Marne...de la bataille ou des taxis du même nom aux guinguettes, un nom qui évoque à tous des images contrastées, et ce sont ces contrastes et ces atmosphères que l'on découvre au fil des pages.
L'on suit Jean-Paul Kauffmann sur son périple pédestre, sept semaines de marche et de réflexion, de la Marne urbaine à la Marne rurale, sur les traces de Jules Blain qui avait effectué une partie du périple dans les années 20 et l'avait raconté dans son "Voyage égoïste et pittoresque le long de la Marne" .
On déambule avec lui dans la petite et la grande histoire de cette région. D'odeurs en rencontres, de sentier de halage en bord d’autoroute, d'hôtel en écluse, d'île en dessous de ponts, on suit les images qui naissent dans l'esprit du marcheur solitaire, poèmes, romans, œuvres d'art ayant évoqué la Marne ou les lieux traversés.
La promenade se fait ainsi tantôt historique, tantôt tournée vers la faune, tantôt littéraire, tantôt sociale voir philosophique au fil des personnages croisés, marginaux, éclusiers, chien errant...
Un livre qui donne envie de prendre le temps, de contempler d'un autre regard zones péri-urbaines et autre zone livrée à l'urbanisation, et qui donne envie aussi de pousser plus loin la découverte de la Haute-Marne.
Je me suis fixé comme règle – mais c’est plutôt un jeu –
d’explorer la Marne jusqu’à sa source. À pied. Remonter la rivière.
Retourner en arrière, repasser le vieux film, velléité d’aller vers
l’origine comme on se remémore sa vie passée. Je n’ai pas vraiment
choisi ce mouvement inverse, il s’est imposé à moi. Une façon de
procéder à un inventaire personnel du pays où je suis né. Je me sens
parfois intoxiqué par la France. En état de dépendance psychique et
physique. Je subis l’influence de son histoire telle que l’on me l’a
inculquée, de sa littérature, de sa langue, de ses églises, de ses
paysages. Cet ensemble d’affects et de souvenirs ne cesse de me
poursuivre.
Un livre lu grâce à l'opération entrée livres, merci à eux et à
fayard !