Monteriano de E.M. Forster / Where the Angels fear top treadéditions Le Bruit du temps
Traduit de l'anglais par Charles Mauron
Édition présentée et annotée par Catherine Lanone
Présentation de l'éditeur:
Louée par Virginia Woolf, portée de nombreuses fois à l'écran,
son œuvre jouit d'une notoriété discrète. Dans ce premier roman publié
en 1905, E.M. Forster impose avec force les thèmes qui l'obsèdent :
exotisme et passion amoureuse. Une précieuse redécouverte. Monteriano est un petit
village toscan imaginé par E.M. Forter en s’inspirant de San Gimignano.
Dans ce premier roman de l’auteur de Avec vue sur l’Arno, de Maurice ou encore de la Route des Indes,
Forster évoque l’histoire d’une jeune veuve anglaise qui provoque le
scandale en tombant amoureuse lors d’un voyage en Italie de Gino, un bel
Italien sans argent et plus jeune qu’elle. Faisant fi des oppositions
de sa belle famille pétrie de conventions sociales victoriennes, elle
décide d’assumer cette vie nouvelle qui lui permet pour la première fois
d’être une femme et d’exister pour elle-même. À partir de cette
histoire serrée qui ne manque pas d’humour, de sarcasmes et de terribles
déterminismes, Forster va plus loin en dressant un tableau qui dépasse
le social pour embrasser l’amour, l’art et la vie dans un ensemble
concertant où chaque protagoniste aura sa part dans la composition, qui
d’un aria ou d’un lamento…
Ce premier roman
surprend par sa précocité le lecteur habitué à l’art de Forster. Car,
comme le note très justement Virginia Woolf en 1927 au sujet de
l’écrivain, par-delà la satire, un noyau d’incandescence brûle au cœur
de cette écriture, incandescence qui donne toute sa vérité, sa vie et sa
poésie à ce récit. Et c’est très jeune que Forster imprimera ces lignes
de force dans ce premier récit à forme initiatique et inspiré de son
premier voyage en Italie alors qu’il venait d’être diplômé de
l’Université de Cambridge.
Cette très belle
traduction de Charles Mauron est précédée d’une riche introduction de
Catherine Lanone qui offre une belle analyse de l’écriture de Forster.À noter que Le Bruit du temps
entreprend, avec ce premier roman, la réédition de tous les romans de
Forster traduits par Mauron, à l’exception de Avec vue sur l’Arno.
L'affiche du film adapté
Le début de Monteriano
Ils étaient tous venus à Charring Cross assister au départ de Lilia : Philippe, Harriet, Irma, Mrs. Herriton en personne. Mrs. Theonald avait même fait, au bras de MR. Kingcroft, le voyage du Yorkshire pour embrasser sa fille unique.
Mon avis :
Comme pour beaucoup sans doute, le nom de Forster était associé pour moi à Avec vue sur l'Arno, Monteriano a donc été une découverte totale, et une belle découverte!
D'abord pour l'Italie et la Toscane qui me sont chères, parce que l'auteur s'est inspiré de la ville de San Gimignano, près de Sienne, que j'ai eu le bonheur de visiter, et dont je garde un excellent souvenir.
L'occasion de ressortir quelques photos de l'album : l'arrivée à San Gimignano:
La Toscane
La ville des tours, les lumières, les couleurs de cette Italie parfaitement bien rendue dans le roman.
Et puis il y a la plongée dans une époque. Le choc des cultures, entre l'Angleterre des années 1900 (Forster séjourne pour la première fois en Italie en 1901), et l'Italie. Le voyage, de la gare de la première page, au train de la dernière. On découvre tonne de petits détails qui rendent cette période très vivante, tels les guides de voyage Baedeker :
Il y a l'opéra,aussi, avec une représentation de Lucia di
Lammermoor, opéra de Gaetano Donizetti, dont le récit donne une idée de
l'ambiance particulière qui régnait alors dans les salles.
Des plongées dans l'art, avec une scène qui évoque les vierges à l'enfant chères à Bellini, Raphaël et autres peintres de cette figure maternelle.
Et enfin, et surtout, il y a les femmes. Ce sont elles qui font avancer l'intrigue, en bien et en mal, mais ce sont elles qui agissent. Les convenances, le poids de la société, l'éducation, le destin... tragique... Des personnages qui évoluent, qui se révèlent, mais qui sont rattrapés par la raison, l'ordre des choses immuables, il n'y aura pas de happy-end, si ce n'est peut-être l'amitié entre deux hommes de milieux et cultures bien différents.
L'écriture pour finir, beaucoup de cynisme et d'ironie, qui fait que l'on sourit très souvent, en dépit de situations pour le moins dramatiques.
Si j'avais un seul petit regret, il concerne la préface, qui livre trop d'informations sur le contenu du roman et gâche le suspens. Un conseil, lisez-la après!
Un livre lu grâce à Libfly, un grand merci à eux et à l'éditeur!
Et qui entre bien entendu dans le cadre du challenge de lecture autour de l'Italie!