Un cheval
mange un chapeau et la noce s’emballe pour deux heures… A la poursuite
du chapeau volage et volant comme une chimère, les invités naviguent
sans boussole et le beau-père menace à la cantonade : «Tout est rompu »
!
Un chapeau de paille d’Italie tient dans ce raccourci
ébouriffant : une cause minuscule, des effets démesurés. [...] A toute vitesse. Il faut aller vite. Une frénésie bondissante emporte
les personnages, les mots et les choses. Une énergie à très haute
fréquence, un tempo qui ne faiblit pas. (...] Plus
proche de l’humour fou des Marx Brothers encore que de Kafka ! J’ai
toujours été sensible à la façon dont le théâtre s’empare des éclats et
des excès de la farce. Entre le fou rire et le chaos. Le burlesque chez
Labiche conjugue la virtuosité verbale et l’énergie du geste, le
mouvement et l’engagement « athlétique » des acteurs dans le jeu, le
rire irrésistible et l’audace, la violence même, et l’extravagance qui
conduit, sinon toujours au bord de la folie, du moins à la révélation
soudaine de l’inquiétante étrangeté des êtres et des choses.
Un chapeau de paille d’Italie
fait feu du rêve comme du rire, avec ses coq-à-l’âne, son usage
immodéré du non-sens, ses quiproquos, ses substitutions en chaîne, son
fétichisme des objets, son retour du refoulé et sa fantasmagorie
d’univers virtuels. Des trouvailles qui anticipent, dirait-on, les
trouvailles surréalistes et celles du théâtre de l’absurde. On pense à
Ionesco, à Vitrac, et ce n’est pas par hasard que le surréaliste
Philippe Soupault s’intéressait tant à Labiche ! Ce n’est pas un hasard
non plus si René Clair et Nino Rota ont tiré du génial vaudeville de
Labiche, l’un, un film burlesque (muet), l’autre un opéra (chanté).
Mouvement pur et élan musical !
Gilles Bouillon
Un chapeau de paille d'Italie, Bouillon, CDRT, nouvel olympia Tours Mise à jour : mon petit mot d'après représentation :
Beau début de saison!
Que retiendrai-je de ce spectacle mis en scène pas Gilles Bouillon?
- Un décor ingénieux, aux nombreuses portes, qui virevolte comme les acteurs pour récréer les différents (et nombreux) lieux de l'action, de la maison du futur marié, au salon de la baronne, de l'atelier de la modiste, à la chambre du mari de la propriétaire du chapeau (ah, le costume dudit mari... grand moment de rire....!), la place et toute sa poésie (les arrosoirs...), des costumes donc, particulièrement bien trouvés, plusieurs changements pour certains comédiens, et des visuels qui resteront en mémoire, bravo à toute l'équipe de l'ombre du CDRT!
- Un duo d'acteurs qui mène le bal, Frédéric Cherboeuf, en Fadinard et Jean-Luc Guitton, en Nonancourt, tous deux particulièrement impressionnants d'énergie et d'humour, bravo bis! Un plaisir aussi de retrouver les comédiens appréciés dans Cyrano dans d'autres rôles et de découvrir d'autres facettes de leur talent!
- la musique, omni-présente dans cette production qui prendrait parfois des allures de comédie musicale ou d'opérette, comédiens-choeurs, comédiens-musiciens,
extrait article NR
Pour le Labiche, il a fallu, bien évidemment, travaillé la musique.
« Dans un vaudeville, continue Bernard Pico,
il y a des couplets chantés empruntés à des airs connus de l'époque.
Là, nous n'avions pas envie de reprendre ces airs. Alain Bruel a ainsi
composé une musique pour les comédiens. » Pour l'occasion, chacun des acteurs a repris (ou appris) un instrument. Et pris des cours de chants, trois fois par semaine.
> Pour la scénographie, Nathalie Holt a dû faire avec un élément incontournable : la tournée à venir.
« Nous avons pensé en fonction des lieux. Il était nécessaire de pouvoir jouer dans n'importe quel théâtre. » La scénographe pense les décors à l'aide de six panneaux recto-verso. L'action va vite ; les décors sont très mobiles.
« On ne surcharge pas le décor. Par goût », ajoute Nathalie Holt.
> Dans la mise en scène de Gilles Bouillon, inspirée aussi du cinéma muet, la lumière renforce l'action.
« Chaque acte a une couleur dominante », explique Michel Theuil, l'éclairagiste.
> Quant aux costumes, il y en a une quarantaine.
Et pour patienter avant la reprise cette fois de l'opéra, journée portes ouvertes samedi prochain pour découvrir les coulisses du grand théâtre de Tours et de la production à venir de Rigoletto: