Brésil, 1920. Orphelines, Emilia et Luzia Dos Santos auraient pu être de
modestes couturières unies à jamais dans l'adversité. Mais le destin en
a voulu autrement et elles seront bientôt séparées par les déchirements
d'un pays en proie aux coups d'Etat et aux révoltes populaires. Tout
opposera en effet les deux sœurs : Emilia qui ne connaîtra que tourments
et désillusions en épousant un notable de Recife, et Luzia qui sera
kidnappée par un des plus célèbres Cangaceiros, ces bandits mercenaires
qui terrorisent les propriétaires terriens. Prenant bientôt fait et
cause pour les paysans affamés du Sertao, celle qui sera surnommée la
Couturière devient plus impitoyable encore que ses ravisseurs. Dans ce Brésil âpre et violent des années 1930,
Emilia nourrit toujours un infime espoir : et si Luzia avait survécu ?
Se cacherait-elle sous les traits de la Couturière, cette femme réputée
impitoyable, devenue chef des mercenaires ? La
femme-bandit et l'épouse déçue n'en ont décidément pas fini avec les
rivalités de classes et de clans. Frances de Pontes Peebles fait revivre
ici l'histoire tumultueuse du Brésil de son enfance et brosse le
portrait saisissant de deux femmes extraordinaires. Frances
de Pontes Peebles est née dans le Nordeste brésilien et a grandi à
Miami. La Couturière est son premier roman.
Le début
PROLOGUE
Recife, Brésil 14janvier 1935
Emilia ouvrit les yeux, seule dans l’imposant lit ancestral qui avait été la couche nuptiale de sa belle-mère et
où elle dormait désormais. Il avait une teinte caramel et des grappes de pommes cajou sculptées en ornaient
les montants, à la tête et au pied. Ces fruits en forme de cloche, lisses et charnus, qui bosselaient le bois de jacaranda semblaient si vrais que les premiers soirs qu’elle avait passés là, Emilia les avait imaginés mûrissant en l’espace d’une seule nuit – le bois de leur peau virait au rose et au jaune en même temps que leur chair compacte devenait douce et odorante au matin. Mais au bout d’un an, elle avait tiré un trait sur ces fantasmes puérils.
Mon avis :
Un véritable coup de coeur!
A travers ces deux femmes, ce sont deux aspects totalement différents du Brésil des années 30 qui nous sont donnés à comprendre, celui des villes et celui des cangaceiros, leçon d'histoire, leçon de géographie, découverte de la faune et de la flore du pays, mais sans en avoir l'air, au fil d'une intrigue qui ne laisse pas reprendre haleine.
On découvre en particulier la caatinga, au nord est du Brésil, la sécheresse, mais aussi les plantes qui permettent de survivre.
L'arrivée de progrès techniques, qu'ils soient utiles ou terribles, du perfectionnement des machines à coudre à celui des armes, la société en mutation, les repères bouleversés, la situation sociale des femmes , la lutte pour le droit de vote des femmes, avec deux personnages féminins forts qui marquent les esprits, ces deux sœurs qui luttent, chacune à leur manière. D'ailleurs, pour le destin du personnage de Luzia, enlevée par les cangaceiros, qui doit survivre dans une nature hostile, à la lecture viennent à l'esprit de nombreux liens avec Même le silence a une fin de Ingrid Betancourt