Acting Xavier Durringer

Acting de Xavier Durringer
Editeur : Editions Théâtrales (19 janvier 2012)
Présentation :
Dans une cellule de prison, Robert, acteur et metteur en scène condamné pour meurtre, rejoint Gepetto, un petit escroc, et Horace, son mystérieux codétenu muet et insomniaque... Les liens se nouent entre Robert et Gepetto autour du métier d'acteur. Mais les deux détenus ne lui donnent pas la même définition : Gepetto ne pense qu'au star system ; Robert, lui,invoque Shakespeare, Stanislavski et l'art de l'acteur. Pourtant ce dernier va enseigner la comédie au premier ; dans cette cellule qui se transforme peu à peu en scène de théâtre, le maître pousse l'élève dans ses ultimes retranchements, au coeur des secrets du métier, et tente ce pari fou : faire de lui leplus grand acteur au monde. Avec sa langue toujours percutante, canaille, populaire, scabreuse, Durringer revient au texte par une mise en abyme de cet art qui ne finit pas de fasciner, le théâtre.

Biographie de l'auteur

Né à Paris en 1963, il dirige de 1989 à 2005 sa propre compagnie de théâtre, La Lézarde, au sein de laquelle il écritet met en scène ses pièces. Ses spectacles connaissent rapidement un grand succès et la publication de ses textes permet de très nombreuses créations dans toute la France. En 2004, Judith Magre obtient le Molière de la meilleure actrice pour Histoires d'hommes, dans une mise en scène de Michel
Didym. Depuis 1993, il écrit et réalise également pour lecinéma et la télévision ; son dernier long métrage, La
Conquête, a été présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2011.

Le début - citation 

La première réplique, première ligne:
Gepetto : Ne t'inquiète pas comme ça Horace! Y a une chance sur deux que ce soit un toxico [...]

Page 10:
Robert : Les acteurs, c'est rien du tout, c'est de la pâte à modeler, des marionnettes, les seigneurs, ce sont les auteurs.

Page 15 Robert : C'est au spectateur de ressentir, pas à l'acteur! Qu'est-ce qu'on en a à foutre qu'un acteur ressente de l'émotion si le spectateur lui ne ressent rien.

Page 39 : Gepetto: Mais ce que je m'aperçois en apprenant avec toi, c'est qu'acteur ou escroc, c'est à peu près la même chose, en tout cas dans la méthode...

Page 48 Robert : Y en a marre de parler, parler ne sert à rien, tout le monde parle, pour tout et pour rien, l'important est de faire, l'important est de construire même un petit peu... construire son arc, tailler ses flèches, même si c'est tirer les étoiles c'est tirer, ta flèche retombera toujours quelque part...

Mon avis
 Pas toujours facile de lire du théâtre, pas de difficultés ici, pas de manque, entre répliques et didascalies, l'univers est posé, on entre facilement dans la lecture.
Que me restera-t-il de cette lecture?
- Deux conceptions de l'acteur que tout oppose,  magazine people et jeu télé pour l'un , le pari d'en faire le plus grand acteur du monde est osé, partir de rien pour tout construire,et à travers le théâtre, s'interroger sur les rapports humains.
- Le théâtre dans le théâtre (je crois que je vais d'ailleurs me décider à lancer un challenge de lecture autour du théâtre dans le théâtre, ma pile à lire déborde!), et des réflexions sur le métier d'acteur , la formation...
- Des rires aussi, nés de la confrontation de ces deux hommes aux univers et aux références culturelles si différentes.
- La fin, qui laisse songeur...
- Un monologue d'Hamlet que l'on n'entendra - ne lira plus de la même façon, (ça tombe bien, je venais de le relire!), là encore, théâtre dans le théâtre!

Hamlet, Acte I, scène 2 :
HAMLET. - Ah ! si cette chair trop solide pouvait se fondre, se dissoudre et se perdre en rosée ! Si l'Eternel n'avait pas dirigé ses canons contre le suicide !... ô Dieu ! ô Dieu ! combien pesantes, usées, plates et stériles, me semblent toutes les jouissances de ce monde ! Fi de la vie ! ah ! fi ! C'est un jardin de mauvaises herbes qui montent en graine ; une végétation fétide et grossière est tout ce qui l'occupe. Que les choses en soient venues là ! Depuis deux mois seulement qu'il est mort ! Non, non, pas même deux mois ! Un roi si excellent ; qui était à celui-ci ce qu'Hypénon est à un satyre ; si tendre pour ma mère qu'il ne voulait pas permettre aux vents du ciel d'atteindre trop rudement son visage ! Ciel et terre ! faut-il que je me souvienne ?. Quoi ! elle se pendait à lui, comme si ses désirs grandissaient en se rassasiant. Et pourtant ! En un mois... Ne pensons pas à cela... Fragilité, ton nom est femme ! En un petit mois, avant d'avoir usé les souliers avec lesquels elle suivait le corps de mon pauvre père, comme Niobé, tout en pleurs. Eh quoi ! elle, elle-même ! ô ciel ! Une bête, qui n'a pas de réflexion, aurait gardé le deuil plus longtemps... Mariée avec mon oncle, le frère de mon père, mais pas plus semblable à mon père que moi à Hercule !En un mois ! Avant même que le sel de ses larmes menteuses eût cessé d'irriter ses yeux rougis, elle s'est mariée ! ô ardeur criminelle ! courir avec une telle vivacité à des draps incestueux ! C'est une mauvaise action qui ne peut mener à rien de bon. Mais tais-toi, mon coeur ! car il faut que je retienne ma langue.

Avec Laurence Olivier (dont l'évocation est un des moments très drôles de la pièce!)



Lu dans le cadre de l'opération La voie des indés, merci à Libfly et à l'éditeur ! 



et dans le cadre du challenge théâtre


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