Rien ne s'oppose à la nuit Delphine de Vigan

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan
Présentation de l'éditeur
« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. 
La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. 
Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. »

Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.Delphine de Vigan est notamment l’auteur du best seller No et moi, plus de 400 000 exemplaires vendus toutes éditions Prix des Libraires 2008, adapté au cinéma par Zabou Breitman, et des Heures souterraines (2009), près de 100 000 exemplaires vendus en édition première et traduit dans le monde entier.


Rien ne s'oppose à la nuit

Le début de Rien ne s'oppose à la nuit.


Ma mère était bleue, d'un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l'ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tachées d'encre, au pli des phalanges. 
Ma mère était morte depuis plusieurs jours. 
J'ignore combien de secondes voire de minutes il me fallut pour le comprendre, malgré l'évidence de la situation (ma mère était allongée sur son lit et ne répondait à aucune sollicitation), un temps très long, maladroit et fébrile, jusqu'au cri qui est sorti de mes poumons, comme après plusieurs minutes d'apnée. Encore aujourd'hui, plus de deux ans après, cela reste pour moi un mystère, par quel mécanisme mon cerveau a-t-il pu tenir si loin de lui la perception du corps de ma mère, et surtout de son odeur, comment a-t-il pu mettre tant de temps à accepter l'information qui gisait devant lui ? Ce n'est pas la seule interrogation que sa mort m'a laissée. 

Mon petit mot:

Autobiographie, biographie de sa mère, histoire familiale, histoire tout court,  un livre poignant, que je n'ai pas lâché une fois commencé.
Une succession d’événements tragiques dont on remonte le fil , des personnages bouleversants, l'histoire d'une époque aussi.

Comment vivre, ou plutôt survivre après la mort d'un enfant, d'un frère, et autres drames qui vont s'enchaîner après celui là? Comment se faire une place dans une famille nombreuse et torturée ? Comment grandir quand on a été une enfant star des photos publicitaires? L'ombre du père. La mort qui plane qui sans cesse. Les traitements psychiatriques. L'attitude face à la maladie.  Le poids du secret et du silence. Des personnages de femmes, qui tiennent, qui portent, à bout de bras, à bout de force...

Un livre qui nous renvoie à notre propre histoire familiale, à nos proches, à l'importance de se parler, avant qu'il ne soit trop tard....



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