J'ai été assez séduite par cette exposition, l'occasion de voir les principales œuvres de l'artiste réunies, et de pouvoir comparer en particulier les différentes versions de ses Judith, après la lecture du roman d'Alexandra Lapierre, pouvoir mettre des images "grandeur réelle" sur les œuvres évoquées, c'est un vrai plaisir!
L'occasion aussi de découvrir foultitude de détails, permis par la juxtaposition des œuvres, de la place de la signature de l'artiste sur les armes ou boucliers, en passant par la qualité de la représentation des bijoux, vêtements, coiffures et autres voiles, ....
Je reviendrais ensuite sur certains de ces détails, pour aujourd'hui, restons avec les Judith!
Une œuvre à mettre en perspective avec une composition proche d'Artemisia : on y retrouve la complicité entre les deux femmes (la main de Judith sur l'épaule de sa servante, le regard dans la même direction), une dramatisation renforcée par le travail du clair obscure et des lignes diagonales, le cadrage resserré, le travail des vêtements, des bijoux, de la poignée de l'arme y est particulièrement soigné, la richesse du costume de Judith , je reviendrai sur certains détails par la suite.
Artemisia Lomi Gentileschi (née le 8 juillet 1593 à Rome, morte à Naples vers 1652) reprend de son père Orazio la limpide rigueur du dessin en lui rajoutant une forte accentuation dramatique héritée de l'œuvre du Caravage
et chargée d'effets théâtraux. Cette stylistique contribua à la
diffusion du caravagisme à Naples, ville dans laquelle elle s'installe
en 1630.
La première œuvre attribuée à Artemisia, qu'elle signe dès l'âge de
17 ans (sûrement aidée par son père, déterminé à faire connaître ses
dons artistiques précoces), est sa
Suzanne et les vieillards,
réalisée en 1610 et aujourd'hui conservée dans la collection Schönborn à
Pommersfelden.
Elle reprend et modifie plusieurs fois les œuvres de son père,
auxquelles elle donne une touche d'une âpreté réaliste que celui-ci
n'avait pas. Elle leur insère une atmosphère dramatique, si prisée par
les Napolitains, en y accentuant le clair-obscur à la manière du Caravage, contribuant ainsi à l'évolution de ce style d'une façon déterminante.
À 19 ans, alors que l'accès à l'enseignement des Beaux-Arts,
exclusivement masculin, lui est interdit, son père lui donne un
précepteur privé, le peintre Agostino Tassi.
Un scandale marque alors sa vie. Artemisia est violée par Tassi employé
à cette époque avec Orazio Gentileschi à la décoration à fresque des
voûtes du
Pavillon des Roses dans le Palais Pallavicini Rospigliosi de Rome.
Celui-ci promet d'abord de l'épouser pour sauver sa réputation, mais
il ne tient pas sa promesse et le père d'Artemisia porte l'affaire
devant le tribunal papal. Pendant l'instruction, Artemisia est « soumise à la question » pour
vérifier la véracité de ses accusations. Elle résistera à la torture et
maintiendra ses accusations. Tassi est condamné , mais ne purgera jamais sa peine.
|
Artemesia Gentileshi, "Judith décapitant Holoferne," 1613, Capodimonte Museum, Naples, Italy
|
|
Sans doute la plus célèbre de la série, la poigne de Judith et de la
servante, maîtrisant Holopherne en train d'agoniser, le cadrage
resserré, la dramatisation de la scène... |
Elle devient un peintre de cour à succès, sous le patronage des Médicis et de Charles
Ier d'Angleterre.
Remarquablement douée et aujourd'hui considérée comme l'un des premiers peintres baroques, l'un des plus accomplis de sa génération, elle s'impose par son art à une époque où les femmes peintres
ne sont pas facilement acceptées.
|
Artemesia Gentileshi, "Judith décapitant Holoferne," 1620, Uffizi, Florence, Italy |
Elle est également la première femme à
peindre l'histoire et la religion à une époque où ces thèmes héroïques
sont considérés comme hors de portée d'un esprit féminin et les peintres femmes cantonnées aux genres réputés inférieurs comme le portrait ou la nature morte.
Elle est la première à se distinguer à travers genres historiques et représentations de nus.
Artemisia gentileschi fut la première femme admise à l'Accademia del Disegno de Florence, sa carrière la mènera de Florence à Naples, de Rome à Londres à Venise, et montre qu'elle aura eu tout au long de sa vie de prestigieux commanditaires.
|
Judith et sa servante avec la tête d'Holopherne |
Une version très proche, Artemisia Gentileschi (1593-1654)
Judith et sa servante Abra avec la tête d’Holopherne, vers 1640-1645 Huile sur toile - 235 x 172 cm
Cannes, Musée de la Castre
|
La Judith du musée de Cannes |
Dans la série visite du musée avec des enfants, on peut jouer aux différences entre ces deux tableaux (le bracelet, la nappe , la coiffe de la servante sont les premières trouvées par les petits!) .
Une autre Judith attribuée à Artémisia, qui serait l'un de ses premières
|
Ajouter une légende |
Une vidéo de présentation de l'exposition